Héros méconnus - Episode 1 : Pelops et Hippodamie, 1ers roi et reine du Péloponnèse.

Illustrations inoubliables des Frères Stefanidis
Illustrations inoubliables des Frères Stefanidis

Pelops avait un destin de rêve tracé devant lui. Il était beau, bien né, et était depuis tout petit invité à la meilleure de toute les tables, celle des Dieux de l'Olympe. Et pourtant, qui aurait imaginé qu'un jour son propre père le servirait comme mets de choix aux Maîtres du Monde…

Ce n'était que le début de la vie très très mouvementée de ce pauvre Pelops, fondateur de la lignée maudite des Atréides.

 

Pour bien comprendre, il faut commencer par préciser le terrible nom de son père : Tantale, roi de Phrygie, et selon certains conteurs, lui même fils de Zeus. Cela lui donnait ses entrées à l'Olympe. Mais le sieur Tantale était plutôt du genre fanfaron, et aimait dérober du nectar et de l'ambroisie pour épater ses amis mortels, alors que ces précieuses victuailles étaient réservées aux Dieux.

Zeus, en père bien grec, lui passait tout, jusqu'à ce jour fatidique où il franchit la ligne rouge...

Persuadé que les Dieux étaient bien moins clairvoyants qu'on le prétendait (après tout, ils n'avaient rien remarqué de ses petits larcins), il paria avec ses amis qu'il saurait les prendre en faute, en les poussant à commettre le plus abject des crimes : manger de la chair humaine. Pour cela, il n'hésita pas à sacrifier son propre fils, Pelops, qu'il fit rôtir en leur honneur.

Dès la première bouchée, les Dieux reculèrent d'horreur, et condamnèrent Tantale à son supplice éternel de faim et de soif.

Jusqu'ici, l'histoire est plutôt connue, mais qu'est-il advenu de notre jeune Pelops ?

Déjà, les Dieux commencèrent par le ressusciter, et lui remplacer un bout d'épaule qui avait été grignotée, par un morceau d'ivoire.

Une petite tape sur le dos pour vérifier que tout va bien, et allez jeune Pelops, retourne jouer avec tes amis.

Bon ici certains conteurs facétieux nous précisent que Poséidon trouva le beau gosse fort à son goût et l'invita à partager quelque temps son alcôve marine. Une amitié fort utile comme nous allons le voir par la suite.

Pelops devint un prince plein de fougue dans la conduite des chars, et cela lui attira bien des regards admiratifs, dont ceux de l'élue de son coeur, la belle Hippodamie, fille du roi d'Arcadie, Oenomaos, lui-même fils d'Arés (oui, oui, le terrible dieu de la guerre !).

Celui-ci était un peu nerveux à l'idée de voir sa fille se marier, car l'oracle de Delphes lui avait prédit que son gendre serait aussi son assassin. Il avait donc trouvé l'idée astucieuse de mettre au défi tout prétendant de le battre à la course au char, en omettant de préciser que ses chevaux étaient un cadeau divin de son père, dopés à l'ambroisie...

Déjà treize valeureux jeunes hommes y avaient laissé la vie, mais Pelops partait confiant, car ses chevaux aussi étaient un cadeau divin de Poséidon. Ceci dit, Hippodamie, qui cette fois-ci tenait vraiment à se marier, soudoya Myrtilos, le cocher d'Oenomaos, pour qu'il relâche un peu les boulons des roues du char de son propre père, et ce qui devait arriver arriva, il se cassa lamentablement la figure, mais eu le temps de maudire ceux qui le trahirent avant d'expirer. Et en Grèce Antique, les malédictions, ça ne pardonne pas...

Quelques jours seulement après les noces, Myrtilos voulut le prix que lui avait promis Hippodamie, dont il était lui même amoureux, à savoir, selon ses déclarations, rien de moins qu'une nuit d'amour pour lui tout seul (et la moitié du royaume, mais ça c'est moins grave). La nouvelle reine d'Arcadie voulut légitimement se débarrasser de l'encombrant personnage, et l'accusa d'avoir attenté à sa pudeur.

Pelops, à l'issue d'une course poursuite épique (Myrtilos était lui même fils d'Hermès), réussi à le précipiter à la mer, qui a depuis pris son nom (Μυρτώο Πέλαγος - entre le Péloponnèse et les Cyclades). En tombant cependant, Myrtilos eu lui aussi le temps de maudire Pelops, et là, les ennuis commencent...

Pourtant, Pelops essaya de calmer le jeu : en l'honneur de son valeureux beau père (et aussi de Zeus quand même un peu), il décida d'organiser des jeux sportifs et d'y convier les villes voisines. Ces jeux prirent le nom de la petite bourgade où il était quand il eût cette belle idée : Olympie, et devinrent une habitude qui perdure encore aujourd'hui, quoiqu'un peu transformée par les siècles.

Si vous vous promenez par là, vous pourrez encore admirer Pelops et Oenomaos faisant la course sur l'un des bas reliefs du temple de Zeus l'Olympien.

Hippodamie fit de même en créant des jeux en l'honneur d'Hera, réservés aux athlètes féminins.

 

Las, la machine infernale du malheur était lancée !

Oyez la douleur de Pelops et Hippodamie, premiers roi et reine du Péloponnèse !!

Le grand roi eût de nombreux enfants légitimes, dont les jumeaux Atrée et Thyeste, mais aussi illégitimes, dont le très très beau Chrysippe, favori de son père. Pour éviter que celui-ci puisse un jour prétendre au trône de ses fils, Hippodamie charge Atrée et Thyeste de l'assassiner, ce qui fut fait...

Ivre de douleur, Pelops bannit sa femme et ses deux jumeaux, qui se réfugièrent dans le royaume voisin de Mycènes. Atrée et Thyeste se déchirèrent pour le trône de Mycènes, ville au destin prometteur. Après moult péripéties, Atrée, sans doute par égard aux traditions familiales, finit par faire bouillir les enfants de Thyeste et les lui servit à manger... Celui-ci le maudit à nouveau, et la maison des Atréides était désormais parée pour alimenter les plus grandes tragédies du répertoire Européen.

 

Les nombreux enseignements utiles de ce mythe :

1. Pour se marier, le consentement de la femme vaut mieux que celui du père.

2. Manger ses enfants ne peut que vous attirer des ennuis.

3. Un peu de modestie ne fait pas de mal.

4. Le Curling n'a rien à faire dans les Jeux Olympiques.

 


Héros méconnus- Episode 2 : Cadmos et Harmonie, quand l'amour dure toujours

Et voici encore un beau prince à qui tout semblait sourire, mais qui finira bien tristement, quoique certain(e)s d'entre vous, j'en suis sûr, trouveront cela romantique.

Roi fondateur de Thèbes, Cadmos épousa la Miss Univers de l'Olympe, la divine Harmonie, et fut le seul mortel à engendrer un dieu, le très attendu Dionysos.

Voyons cela de plus près :

 

Cadmos, fils du roi de Tyr, en Phénicie, est aussi le frère de la très séduisante princesse Europe. Il avait à peine terminé son adolescence quand sa sœur fut enlevée par un mystérieux taureau blanc qui l'emporta sur les flots de la Méditerranée.

 

Ivre de douleur, le roi ordonne à ses fils de parcourir le monde à sa recherche, et leur interdit de rentrer sans elle. Cadmos fut le seul à partir vers l'ouest, et arriva en Grèce. N'ayant pas de piste, il décida de faire confiance aux professionnels de l'oracle de Delphes, dont la réputation n'était plus à faire.

Là il comprit qu'il y avait une embrouille, car on lui expliqua que c'était Zeus lui-même qui en pinçait pour sa sœur et qu'il fallait laisser tomber. Par contre une génisse au front marqué d'une tache blanche l'attendait pour le mener à son propre futur royaume ! Les Dieux savaient acheter la paix sociale...

 

Il trouva la bête, la suivit jusqu'à ce qu'elle tombe d'épuisement, et quand il voulut la sacrifier aux Dieux pour les remercier, il envoya ses amis trouver de l'eau. Ne les voyant pas revenir, il parti sur leurs traces et tomba sur un immonde et terrifiant reptile qui s'en délectait !

Encouragé par Athena qui guida sa lance, il réussi à terrasser le monstre, mais le désespoir l'envahit quand il réalisa qu'il n'avait plus d'amis, qu'il était perdu au milieu d'une contrée inconnue, et qu'en plus il ne reverrai plus jamais sa sœur adorée. Athena lui insuffla alors l'idée incongrue d'arracher les dents du monstre et de les semer dans le champ devant lui. A peine les dents touchaient-elles le sol que de féroces guerriers en armes surgirent du sol ! Ils se mirent à se battre entre eux jusqu'à qu'il n'en reste plus que cinq, qui lui jurèrent fidélité. Il avait à nouveau des amis ! On les appella les Spartoi (les 'semés', à ne pas confondre avec les Spartiates qui feront l'objet d'une autre chronique).

Cependant il fallait d'abord se laver du crime odieux d'avoir tué ce monstre, qui était fils d'Arès, le terrible Dieu de la guerre. Il se mit donc à son service pendant 8 ans, et les chroniqueurs restent discrets sur cette période trouble de sa vie. Quoiqu'il en soit, Arès a dû en être satisfait, car il consentit à lui donner sa propre fille, l'éblouissante Harmonie qu'il avait eue de ses amours illégitimes avec Aphrodite, déesse de l'amour.

Le mariage de ces deux-là resta dans la légende : tous les dieux étaient présents, Harmonie fut parée de bijoux forgés par Hephaistos, le mari peu rancunier de sa mère, sa robe fut tissée par Athena, et je vous passe les détails sur le festin, les cadeaux, et les discours des témoins.

 

Cadmos et Harmonie, avec l'aide des fidèles Spartoi, fondèrent Cadmée, qui devait devenir l'une des villes les plus puissantes de Grèce, sous le nom de Thèbes. Ils furent très appréciés de leurs sujets, qui furent parmi les premiers à profiter d'une importation de Phénicie chère à Cadmos : l'écriture alphabétique (sans l'alpha ni le bêta, mais quand même).

 

Las, oyez la douleur de Cadmos et d'Harmonie !

Ils eurent de beaux enfants, dont leur fille Sémelé eut la malchance de taper dans l’œil de Zeus, comme sa tante ! Mais cette fois-ci sa femme Hera n'était pas prête à passer l'éponge ! Elle instilla le doute dans l'esprit de Sémelé qui exigea de voir Zeus dans toute sa splendeur divine. Zeus en fut très attristé : aucun mortel ne peut en effet supporter un tel spectacle, et la pauvre Sémelé ne fit pas exception. En succombant, elle accoucha prématurément de l'enfant qu'elle portait de Zeus, qui s'ouvrit la cuisse pour le recueillir. Et voilà comment Dionysos, qui ne devait être que demi-dieu, devint dieu à part entière ! Zeus le fit confier à la soeur de Sémelé, Ino, qui se chargea de l'élever comme ses propres enfants. Mais n'échappe pas à Hera qui veut !! Elle frappe Ino de folie, qui se précipite d'une falaise.

Un peu secoués par tout ça Cadmos et Harmonie abdiquèrent en faveur de l'un de leurs petits enfants, et partirent se changer les idées sur la côte Croate, à l'époque appelée Illyrie, du nom de leur dernier fils, Illyrios. Quand Harmonie l'immortelle sentit son mari proche de sa fin, elle implora les dieux de les transformer en serpents pour qu'ils puissent vivre à jamais enlacés. Zeus, se sentant un peu coupable sans doute de ce gâchis, leur fit une place dans les Champs Elysées, seul lieu fréquentable dans les Enfers.

 

Enseignements utiles de ce mythe :

1.Les Européens sont fils d'une femme arrivée d'Asie.

2. L'harmonie naît de la rencontre de la guerre avec l'amour.

3. Si quelqu'un se prétend être Zeus et tente de vous séduire, réfléchissez à deux fois avant de lui demander de le prouver !

 


Héros méconnus  - Episode 3 : Pélée et Thétis, ou le mariage de la carpe et du lapin...

Pélée n'avait pas vraiment le profil du héros légendaire. Certes, c'était plutôt un beau gosse, certes il était prince sur sa petite île d'Egine, mais rien ne le prédisposait à quitter ses pistachiers, épouser la plus séduisante des filles de l'Océan et engendrer l'un des guerriers les plus illustres de tous les temps. Mais nous ne sommes pas maîtres de notre destin, et celui de Pélée était tout sauf un long fleuve tranquille...

 

Pélée n'était pas encore adulte, qu'il dût s'exiler de son île avec son frère aîné Telamon. Ils étaient accusés d'avoir provoqué la mort de leur petit frère Phocos dans un accident de lancer de disque, et des rumeurs se répandaient qu'ils l'avaient tué par jalousie car Phocos avait toutes les faveurs de leur père.

Voilà Pélée en Phtiotide (sud de la Thessalie), chez le roi Eurytion qui mesure la valeur du jeune homme et lui donne sa propre fille Antigone (pas celle de la tragédie) et un tiers de son royaume en dot.

A nouveau la vie aurait pu être douce dans les vallées fertiles de Thessalie mais notre Pélée se révèle décidément bien maladroit avec les projectiles. Lors d'une partie de chasse, il tue par accident le roi Eurytion. Il doit à nouveau fuir, abandonne Antigone (qui se suicidera), et se réfugie dans la cour du roi de la ville d'Iolkos,  Akastos.

Soucieux de rétablir sa réputation, il prend part à de nombreuses aventures plutôt risquées, comme l'expédition des Argonautes, où il démontre enfin qu'il est plus dangereux pour ses ennemis que pour ses proches, et s'attire la faveur des Dieux, qui trouvaient ses hauts et ses bas plutôt divertissants.

Malheureusement, il attire aussi sans le vouloir la femme d'Akastos qui lui déclare sa flamme !

Il la rejette sans ménagement, mais la reine n'avait pas l'habitude d'essuyer des refus. Elle l'accuse d'avoir attenté à sa pudeur, et Akastos en devient rouge de fureur. Il hésite cependant à affronter directement l'un des Argonautes, et fait semblant d'écouter sa version des faits, puis lui propose un défi pour l'aider à prouver sa valeur. 

Peu sensible à la cause animale, Akastos lance une idée saugrenue : un concours de chasse ouvert à tous ses sujets, et appelant les participants à ramener tous leurs trophées. Sans doute espérait-il pouvoir coincer Pélée, encombré de trophées pour le terrasser plus facilement. Pélée décide de ne couper que les langues des animaux qu'il a tués, et laisse le soin à ses concurrents de ramener les trophées pour gonfler leur score. Donc non seulement il n'est pas encombré à la fin de la partie de chasse, mais en plus, il peut exposer la supercherie de ses concurrents, et par extension, la fausseté des rumeurs à son sujet. Les Dieux adorent !

 

Entre temps, un deuxième drame se jouait : Thétis, une jeune néréide facétieuse, rendait les Dieux mâles fous par sa beauté. Comme à son habitude, Zeus se précipita pour la faire sienne, sauf qu'un oracle le mit en garde : Thétis allait enfanter d'un fils qui sera nettement plus puissant que son père. Zeus, qui avait lui même détrôné son père pour présider à l'univers, n'avait nullement envie de lâcher son siège. Il fut donc décidé que Thétis allait épouser un mortel, mais pour lui faire avaler la pilule, ils choisirent leur chouchou du moment : Pélée.

Thétis ne fut pas du tout d'accord : les mortels, quel ennui ! Ils vieillissent tellement vite, quand ils ne meurent pas par accident ou à la guerre... Elle avait du caractère, et tenta de s'opposer à ce mariage à sa façon : elle disparaissait à chaque fois que Pélée essayait de l'approcher, ou plus exactement, se métamorphosait, en lion, en flamme, en seiche... Finalement, Pélée réussit à la convaincre avec l'aide de son grand-père, le sage centaure Cheiron. Ceux qui la connaissent un peu savent que Thétis s'est surtout résignée car elle ne pouvait pas aller contre la décision de Zeus.

A leur mariage tout le gotha de l'Olympe était présent. Tout se passa à merveille, si l'on excepte un petit incident quand Eris (la Discorde), qui n'avait pas été invitée, décida de semer le trouble entre les déesses présentes, grâce à une simple pomme destinée "à la plus belle de toutes". Quelques années plus tard, cette pomme allait déclencher la guerre de Troie.

Thétis tomba enceinte, mais cela ne la rendit pas plus heureuse que ça : en effet, son enfant allait être mortel. Elle étudia la question et trouva que si elle immergeait son fils dans la rivière Styx, à la frontière du royaume des morts, elle le débarrasserait de ce fâcheux défaut, ce qu'elle fit dès sa naissance. Son fils Achille fut immortel, sauf à l'endroit où elle le tenait quand elle le plongea dans le Styx, le talon.

Pélée connu de Thétis peu de joies, et vice-versa. Elle se lassa de lui, de sa vieillesse et de ses rhumatismes et l'abandonna (comme il l' avait fait avec Antigone, remarquera le lecteur perspicace). Elle avait des missions autrement plus importantes auprès des Dieux qui faisaient souvent appel à ses services. Elle était aussi inconsolable de la mort de son fils devant les remparts de Troie, qu'elle avait prédit sans pouvoir l'empêcher.

A sa mort, Pélée put rejoindre son fils Achille sur l'ïle des Makarioi, sorte de bienheureux éternels. Thétis est toujours en train de profiter de la vie au fond des océans, bien qu'elle aimerait qu'on arrête de jeter autant de déchets plastiques qui lui collent aux cheveux.

 

Enseignements utiles de ce mythe :

1. Pour couper court aux rumeurs, il faut parfois savoir couper les langues.

2. Pour se marier heureux, il faut se marier équilibré.

3. Bien utilisée, une pomme peut être aussi efficace qu'une bombe nucléaire (et moins coûteuse pour nos budgets militaires).

  


Héros méconnus - Episode 4 : Prométhée et sa famille

Aujourd'hui nous allons prendre un peu de hauteur, et vous parler de rien de moins que du bienfaiteur de l'Humanité entière, et aussi de sa famille qui comporte quelques personnalités plutôt hautes en couleur...

 

1. Où Prométhée constate l'erreur de son frère.

Prométhée est un Titan, neveu de Cronos maître de l'Univers, depuis qu'il a renversé son propre père, Ouranos (la 'voûte Céleste').

Un peu nerveux à l'idée que ses enfants lui fassent subir le même sort, Cronos les avale consciencieusement à chaque naissance, sauf un, Zeus, que sa mère réussi à cacher et qui est élevé dans le secret d'une grotte en Crète.  Une fois adulte, il libéra ses frères et sœurs qui tournaient en rond dans le ventre de leur père et prit les armes contre Cronos, qui appela les autres Titans à sa rescousse. Durant dix ans, les Olympiens se disputèrent la maîtrise de l'Univers face aux Titans, dans un combat d'une violence extrême qui fut nommé 'Titanomachie'. Prométhée, doué de prescience et de sagesse, fit partie des rares Titans à prendre le parti de Zeus. Une fois les Titans vaincus et enfermés, Zeus reconnaissant, lui confia la mission de repeupler la Terre qui n'était plus qu'un champ de ruines.

Au fur et à mesure que les êtres vivants ressortaient à la lumière du jour des profondeurs où ils s'étaient terrés, Prométhée devait leur attribuer les qualités nécessaires pour qu'ils puissent avoir une chance de survivre sur cette Terre dévastée. La tâche est lourde, et son frère Epiméthée proposa de l'aider. Moins doué, voulant montrer qu'il savait bien faire, celui-ci distribua à la hâte toutes les qualités disponibles aux animaux, et quand vint l'heure de doter l'Homme, il ne restait plus que des poils et des ongles... L'Homme était condamné à mourir de faim et de froid !

 

2. Où sont rappelés les deux premiers Ages de l'Homme et sa déchéance, au nom funeste de Pandore.

Sous le règne de Cronos, l'être humain existait déjà. Il vivait son "Age d'Or", une existence bienheureuse sur une Terre nourricière où il suffisait de se baisser pour ramasser de délicieux fruits et légumes... car l'être humain originel était végétarien ! Ni masculin, ni féminin, ou plutôt les deux à la fois, il était un être complet, quasiment à l'égal des Dieux. La vie était très très longue, et la mort arrivait doucement, comme un endormissement sans fin...

La Titanomachie mit fin à cette époque bénie, et quand Prométhée exhuma à nouveau les Hommes, ils entraient dans "l'Age d'Argent". Pour se nourrir, il fallait chasser, ou bien cultiver la terre à la sueur de son front. Prométhée décida de réparer l'erreur de son frère en apprenant à l'Homme à maîtriser le feu et à forger le métal. Pour être plus précis, il déroba le feu à Zeus qui en était jusque là le seul détenteur, et le distribuait au gré des coups de foudre. Furieux,  Zeus décida de punir ces Hommes qui se voulaient à nouveaux les égaux des Dieux (en grec, on appelle cette tendance à nous croire supérieurs à notre condition 'l'Hybris'). Il vit qu'il tenait un champion en la personne d'Epiméthée, et pour le remercier du beau travail qu'il avait accompli, il lui offrit le plus beau des cadeaux, une femme ! Et quelle femme : chaque Dieu l'a dotée d'un présent, d'où son nom Pandore ('le cadeau de tous'). La première femme humaine, forgée de mains divines dans la glaise, belle à tomber, habile de ses mains, à la voix enchanteresse, et d'une curiosité... insatiable. Bien que Prométhée l'eut mis en garde, Epiméthée tomba sous ses irrésistibles charmes, et Pandore s'installa sur Terre, avec une boîte mystérieuse dans ses bagages que Zeus lui avait interdit d'ouvrir. Elle ne tint pas longtemps, et en ouvrant la boîte, répandit tous les malheurs qui affligent depuis les Hommes et accéléra leur chute. Seule l'appréhension (d'autres disent l'espoir) est restée enfermée dans la boîte... ce qui expliquerait que nous oublions souvent notre condition de mortels.

 

3. Où l'on découvre Deucalion et Pyrrha, héros face au Déluge.

Suite à sa trahison, Prométhée fut enchaîné pour toujours par Zeus loin de Grèce, dans le Caucase, et un aigle venait tous les jours lui manger le foie, qui repoussait dans la nuit. Prévoyant, il avait pris le temps d'informer son fils Deucalion du courroux de Zeus, qui avait décidé de les anéantir, lui et tous ses semblables, dans un Déluge imminent. Deucalion et sa femme Pyrrha (la fille de Pandore, donc sa cousine...) construisirent une Arche, dans laquelle ils prirent soin de stocker des vivres pour tenir. Les chroniqueurs divergent quant à la montée d'animaux avec eux à bord de l'Arche. Pendant neuf jours et neuf nuits la pluie ne cessa de tomber, et les eaux engloutirent toutes les terres apparentes, sauf les sommets des plus hautes montagnes. C'est sur l'une d'elles, sans doute le mont Parnasse (d'autres disent le Caucase), que l'Arche s'échoua au dixième jour, quand la pluie cessa. Deucalion et Pyrrha rendent grâces à Zeus Phyxios (protecteur des réfugiés) et l'implorent de repeupler la Terre. Il les enjoint de se voiler la tête et de jeter derrière eux les ossements de leur mère. Ils comprennent qu'il s'agit de la mère Terre, et que ses ossements sont les pierres. Chaque pierre jetée par Deucalion se transforme en homme, et celles lancées par Pyrrha en femme. C'est ainsi que l'Humanité a été une nouvelle fois régénérée...pour combien de temps ?

 

Epilogue : Prométhée finit par être libéré par Hercule, qui brisa ses chaines et tua l'aigle. Toutefois, pour ne pas contrarier Zeus une nouvelle fois, Prométhée garda une pierre du Caucase sur une bague à son doigt, ce qui lui permit de continuer à être enchaîné à cette montagne. Il suffisait d'y penser !

 

ENSEIGNEMENTS UTILES DE CE MYTHE :

1. Pour les Anciens, la femme n'était pas encore l'avenir de l'homme.

2. Les plus jolies boîtes peuvent contenir les plus vilaines choses.

3. La Connaissance fait décidément bien peur aux Dieux.

4. Entre une bague au doigt et une chaîne au cou, il faut bien choisir.