Histoire de la Grèce (Ep. 7) : 1924-1940 Misère, désespoir et... rebetiko !

Nous avions laissé le fil de l'Histoire en février 1924 : Venizélos, épuisé de ses combats politiques et éprouvé par la Catastrophe d'Asie Mineure, sent sa santé chancelante et décide de s'exiler.

1926-1927 : après trois années de forte instabilité, un gouvernement d'Union Nationale tente de regrouper toutes les factions politiques sous la houlette d'Alexandros Zaimis, politique en fin de carrière qui ne faisait de l'ombre à personne. Parmi ses ministres, un certain Ioannis Metaxas, chef d'un petit parti d'extrême droite proche des Monarchistes, allait bientôt faire parler de lui.

1928-1933 : Ecartelée par les intérêts divergents de ses membres, la coalition explose, et ouvre de nouveau le champ à Venizélos, rentré dans son fief crétois depuis quelques mois. Son dernier gouvernement durera 4 années et achèvera la pacification avec l'ennemi Turc. Il se lance dans une politique de grands travaux pour développer l'agriculture et donner du travail à tous les déracinés venus d'Asie Mineure. Il réorganise aussi l'Education nationale grâce à son jeune et talentueux ministre Georges Papandréou : l'objectif est d'arrêter de créer des élites qui ne se destinent qu'à des postes de fonctionnaires. Les lycées professionnels font leur apparition, ainsi que les cours en langue 'démotique', celle du peuple, qui deviendra le 'grec moderne'.

Cette politique, gourmande en capitaux, s'arrêtera net quand la crise mondiale de 1929 atteint les créanciers de la Grèce. Les crédits s'assèchent et le pays se déclare en défaut de paiement en mars 1932. Venizélos perd sa majorité, et essuie une défaite cuisante lors des législatives suivantes. Les militaires qui lui étaient fidèles, conduits par le général Plastiras, s'opposent de toutes leurs forces au retour des Monarchistes et tentent un coup d'Etat : Venizélos sera accusé d'en être l'instigateur. En juin 1933, il échappe de peu à un assassinat qui sera fatal à son chauffeur, et pour lequel les soupçons se portent sur le chef de la police nationale !

1933-1936 : S'ensuit une nouvelle période d'instabilité, à laquelle Plastiras tente de mettre fin en mars 1935 par un nouveau coup d'Etat, avec cette fois-ci le soutien officiel de Venizélos. Ce sera encore un échec, et, accusé de haute trahison, il doit s'exiler à nouveau. Malade, il meurt à Paris le 18 mars 1936, alors qu'il venait d'être amnistié. Il sera enterré quelques mois plus tard en héros Crétois, à la Canée.

La voie est libre pour celui qui était devenu son grand rival, Ioannis Metaxas. Le retour du camp Monarchiste lui permet de gravir habilement tous les échelons du pouvoir, jusqu'au poste suprême de 1er ministre, sans avoir à disputer de nouvelles élections, qu'il n'avait jamais réussi à gagner jusque là.

Selon une recette déjà bien éprouvée notamment en Italie et en Allemagne, il profite des mouvements sociaux qui agitent le pays pour appeler à la résistance au péril communiste et impose le 4 août 1936 la dissolution de l'Assemblée Nationale et la suspension de nombreux droits constitutionnels relatifs aux libertés individuelles.

1937-1940 : Metaxas adopte le decorum d'un régime fasciste, sans en épouser l'aspect totalitaire et génocidaire. Il mène une dictature "traditionnelle" appuyée sur l'appareil militaire et les forces politiques les plus conservatrices. Il nourrit le culte du chef, fait fermer les journaux qui lui déplaisent, et emprisonne sans relâche ses opposants politiques au premier plan desquels les Communistes dont tous les dirigeants ont été arrêtés. Un 'terrorisme policier' se met en place... Malgré quelques réussites sur le plan économique, avec une reprise des investissements et un assainissement de l'endettement des agriculteurs, son bilan est catastrophique sur le plan de l’Éducation nationale avec la purge du corps professoral et l'embrigadement quasi obligatoire de la jeunesse dans des unités de propagande progouvernementale. Sur le plan diplomatique, il reçoit avec autant de plaisir les émissaires de l’Allemagne nazie que ceux de la Grande Bretagne, mais les postures de plus en plus agressives de Mussolini finissent par le pousser dans le camp des Britanniques.

Le 28 octobre 1940 restera dans l'Histoire comme "le jour du Non". C'est la réponse que Metaxas a donné à l'ultimatum de Mussolini. Face à la menace Italienne, le pays se réunifie, avec notamment l'appel du secrétaire général du PC grec, depuis sa cellule, de rejoindre sans réserve le combat. La Grèce vient de rentrer dans la 2 ème Guerre Mondiale.

Cette même période, avec l'exil, la misère, la privation des libertés, vit fleurir l'un des mouvements artistiques les plus originaux de la Grèce : le Rebetiko.

La suite bientôt !