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Aujourd'hui, tu sauras dire "se souvenir" : θυμάμαι (thimamai / je me souviens). Ce mot vient de l'ancien grec ό θυμός (o thumos / le souffle, l'âme -l'un des mots pour âme, le plus "physique"). Ce θυμός a donné en latin fumus, puis en français fumée. Tu vois donc que le souvenir est ce truc vaporeux et insaisissable, qui semble pourtant venir du plus profond de soi, traversant brumes et fumées pour parvenir à la conscience. Et qui nous étreint, nous empoigne le coeur et les tripes, souvent. Est-ce pour cette raison que ο θυμός en grec moderne d'aujourd'hui veut dire "colère" ? On dirait qu'un nouvel article nous tend les bras...
On reconnaît la qualité d'un mythe à sa longévité, et celui de Méduse émerge du plus profond de la nuit des temps, quand les chroniqueurs étaient des aèdes, à la fois conteurs, poètes, chanteurs et sans doute aussi un peu magiciens. Il fallait bien ça pour faire passer les longues soirées d'hiver.
Et elle nous vient vraiment de très très loin Méduse, puisqu'elle est petite-fille de Gaïa (la Terre) et de Pontos (le Flot marin, version masculine de la Mer). Divine et mortelle, sublime et terrifiante, dangereuse et protectrice, elle résume parfaitement ce qui a le plus fasciné et effrayé les hommes depuis qu'ils sont hommes, à savoir, la femme.
UNE HISTOIRE UN PEU TIRÉE PAR LES CHEVEUX :
Cela commence comme l'histoire d'un jeune homme, Persée, fils de Zeus et de Danaé. Enfant, il fut enfermé dans un coffre avec sa mère et jeté à la mer car son grand père, le roi d'Argos, voyait en lui son futur assassin. Les débuts sont donc un peu difficiles.
Il est recueilli et élevé dans la cour du roi de Sériphos, souriante île des Cyclades. Une fois majeur, il veut montrer sa valeur en faisant un peu le ménage dans le secteur. Un monstre hantait les lieux, une Gorgone, femme-serpent, ou femme-cheval avec des cheveux en serpents , ou femme-cheval avec des dents de sanglier, des ailes de griffon et des serpents quelque part, les témoignages sont fragiles, d'autant plus qu'ils ne sont pas légion : tous ceux qui l'ont vue auraient été tout simplement pétrifiés. Ce qui est sûr c'est qu'elle s'appelle Méduse.
Notre héros, sûr que ses relations hauts placées lui donneraient le coup de pouce qu'il faut au moment décisif, se mit donc en route avec un beau projet en tête : lui trancher la sienne.
Mais arrêtons nous un instant : est elle vraiment si monstrueuse que ça ? Ne s'agit-il pas d'un énorme malentendu ? Ce ne serait pas la première fois après tout... qu'a t-elle fait au juste pour mériter une telle réputation ?
Si on s'intéresse de près à son histoire... on est vite perdus ! Les premiers à en parler évoquent en effet un monstre primaire tout bête, qui fait peur à tout le monde en tirant la langue et en poussant de gros cris du fond de la cave. Vraiment insupportable.
Mais au fur et à mesure que les siècles avancent, les conteurs rajoutent du sel à l'histoire et la voilà qui s'affine, se fait un bon gommage corporel, des bains au lait d'ânesse, prend des cours d'éloquence et, ma foi, notre Méduse est devenue une jeune femme gracile, pétillante, très jolie.
Trop jolie en fait, et qui en plus en était consciente, ce qui avait le don d'énerver les Déesses, et notamment Athéna, avec qui elle avait eu l'outrecuidance de se comparer. En plus, sa beauté excitait les mâles désirs des Dieux. C'est Poséidon qui se lança en premier, et perpétra ce qui aujourd'hui serait nommé un viol, mais à l'époque était considéré comme faisant partie du destin des mortels, soumis aux Dieux en toutes circonstances. Pour couronner le tout, le crime fut commis à l'intérieur d'un temple d’Athéna, qui était déjà remontée contre Méduse. Sa vengeance fut donc double : d'abord elle la transforme en une terrifiante Gorgone, et notamment, sa magnifique chevelure devient un écheveau de serpents. Elle est condamnée à errer dans la solitude absolue, car tous ceux qu'elle croise sont pétrifiés d'un seul regard.
Puis, Athéna va guider la main de Persée qui la décapitera sans la regarder, et brandira sa tête en trophée. La déchéance est totale.
Résumons : une belle jeune fille, d'abord victime de viol, puis défigurée, puis assassinée, en punition pour ce crime qu'elle a subi. Pas étonnant que cette histoire à la douteuse morale résonne toujours aujourd'hui comme un cri d'injustice. Une toute récente statue de Méduse tenant la tête de Persée érigée en face d'un tribunal de New York vient nous rappeler, à toutes fins utiles, qu'une femme violée est avant tout une victime à qui l'on doit justice.
Mais s'arrêter là serait faire une lecture un peu rapide de ce mythe, véritable édifice sur lequel chaque chroniqueur rajouta un étage sans trop se soucier de ce qu'il y avait en dessous, au point d'en faire un immeuble peu harmonieux et brinquebalant. Baissons les yeux, creusons un peu pour en réexaminer les fondations, sous la terre.
DERRIÈRE LA TÊTE, LA TERRE :
La première chose qui nous interpelle est la profusion de têtes de Méduse. C'est l'une des effigies les plus courantes pendant l'Antiquité : dans les temples, sur les pièces de monnaie, sur les boucliers, dans les mosaïques, sur les céramiques, elle est partout. Il ne faut pas oublier, que même si l'on a cherché à l'humaniser, elle reste une divinité primaire, issue de la Terre. Le serpent, symbole lié à la Terre, loin de lui être imposé en punition, lui est donc totalement intrinsèque. Ce n'est d'ailleurs pas un animal considéré comme forcément maléfique : le premier roi d'Athènes, Kekrops, celui qui choisit Athéna pour protectrice de sa ville, était lui même mi-serpent !
Certes elle pétrifie ceux qu'elle croise du regard, mais qui croise-t-elle au juste ? Pour la trouver, Persée dût chausser des sandales ailées, menacer des vieilles femmes un peu répugnantes en leur confisquant l’œil qu'elles se partageaient à trois... On pensait qu'elle était du côté de Sériphos, mais voilà qu'il faut aller quasiment au bout du monde, au delà du jardin des Hespérides. Pas vraiment un endroit où une Gorgone peut se bâtir une honnête collection de bustes. Il fallut aller la chercher de là où elle venait, du plus loin de notre monde, à ses limites, car elle fait une sorte de jonction entre le monde des hommes et celui... au delà des hommes.
D'essence divine, elle est aussi une femme, et de ce fait mortelle. En se sacrifiant à Athéna, elle met son fabuleux pouvoir à notre service et devient le symbole protecteur par excellence.
Méduse, petite-fille de la Terre, celle qui éloigne le mal-intentionné, l'ennemi, l'esprit malin, reste près de moi !
ENSEIGNEMENTS UTILES DE CE MYTHE :
1. Une histoire sert avant tout celui qui la raconte.
2. La beauté des femmes pétrifie le regard des hommes depuis la nuit des temps.
3. Le monstre n'est pas toujours celui qui en a l'apparence.
Décembre 1944 - Février 1945 : Churchill à Athènes... pour rien.
Les combats font rage dans les rues d'Athènes et les alentours. Malgré leur artillerie et leur soutien aérien, les Britanniques sont forcés de rappeler en renfort des unités basées en Italie pour reprendre la main. En Grande Bretagne, Churchill se voit accusé d'attaquer un allié face aux Nazis, et vient à Athènes en plein Noël 1944 pour tenter en vain de sceller un accord en présence d'émissaires Soviétiques. Ces derniers, satisfaits d'avoir obtenu le contrôle de l'Europe de l'Est, restent neutres et ne répondent pas aux appels à l'aide de l'EAM-ELAS. Cela crée de fortes dissensions au sein de sa direction qui finit par mettre fin aux combats. C'est l'accord de Varkiza, signé le 12 février.
Février 1945 - Mars 1946 : une trêve illusoire.
L'amnistie promise par l'accord de Varkiza permet au secrétaire général du PC grec, Nikos Zachariadis, de rentrer de son exil et de proclamer qu'il recherche l'avènement d'une République Démocratique Populaire par des moyens pacifiques. La rupture est consommée avec Aris Velouchiotis, le chef militaire de l'EAM-ELAS qui voulait relancer une guerilla. Acculé, trahi par les siens, il finit par se suicider en juin 1945.
Les arrestations d'ex-combattants d'EAM-ELAS se multiplient, et il apparait alors clair que l'amnistie n'est que très partiellement appliquée. Des milices ouvertement anti-communistes commettent impunément des exactions dans des villages soupçonnés de soutenir EAM-ELAS, en représailles des attaques subies pendant la Guerre. Des milices d'auto-défense communistes se reconstituent en réaction.
Avec la Guerre Froide qui s'installe en Europe, le PC grec durcit sa position et refuse de participer aux élections de mars 1946, qui ouvrent la voie au retour du roi George II, très proche des Britanniques.
Le 30 mars, l'attaque d'un poste de police à Litochoro, aux pieds du mont Olympe, fait 11 morts au sein des forces de l'ordre, et relance le conflit, cette fois-ci dans tout le pays.
Avril 1946 - Juin 1948 : de la guérilla à la guerre totale
Les attaques de postes policiers se multiplient, les montagnes grecques offrant un refuge idéal aux partisans communistes. Sous le commandement de Marcos Vafiadis, ces groupes éparpillés sont intégrés dans une véritable force armée, le DSE (Armée Démocratique de la Grèce) qui dès la fin 1946 comptait autour de 16'000 combattants. Grâce au soutien de la Yougoslavie de Tito, qui servait à la fois de base arrière et de source d'approvisionnement en vivres, matériels et armes, le DSE opposa une lutte particulièrement féroce aux forces gouvernementales, dont les alliés Britanniques étaient à bout de souffle. En 1947, les Etats-Unis de Truman décident de s'engager en Grèce face aux communistes, devenus leur ennemi mondial.
Fin 1947, enhardi par ses succès militaires, le PC grec voulu former un véritable gouvernement avec un territoire sous son administration, et lança une offensive sur la ville frontalière de Konitsa, pour en faire sa capitale. Il engage 10'000 hommes dans cette attaque, mais l’armée gouvernementale résiste, grâce à un pont aérien qui brisa le siège de la ville et renversa l'équilibre des forces. Ce fut un tournant de la guerre civile, qui atteignait son paroxysme dans la haine et la violence : l'ennemi n'était pas grec, mais 'Monarcho-fasciste' ou 'EAMobulgare' (en référence aux recrues communistes issues des pays du bloc de l'Est). Des deux côtés on organisait des ramassages forcés d'enfants dans les villages pour les mettre 'à l'abri' de l'ennemi. Les villages passaient de main en main et des tribunaux ad hoc condamnaient les paysans de collaboration avec l'un ou l'autre camp, donnant lieu à des exécutions sommaires.
Juin 1948- Octobre 1949 : les combats prennent fin, la déchirure demeure béante.
La rupture entre Tito et Staline eut un effet dévastateur, et se répercuta au sein des directions du DSE et du PC. La ligne pro-soviétique de Nikos Zachariadis l'emporta, et Marcos Vafiadis fini par être exclu en janvier 1949. Tito retira alors son soutien et démantela les bases arrières qui étaient sur son territoire. En face, les forces gouvernementales, réorganisées par le général Papagos et appuyées par les Etats-Unis, accumulaient les victoires sur tout le territoire. En septembre 1949 il ne restait plus que quelques poches de résistance le long des frontières albanaises, qui furent évacuées, avec toute la direction du DSE, par les Soviétiques en Asie Centrale et en Europe de l'Est.
Le 16 octobre 1949, Zachariadis annonce un "cessez le feu temporaire". C'est la fin des combats.
Ce conflit fratricide déchira le pays sur toute la 2ème moitié du XXè siècle : on estime à près de 100'000 les prisonniers issus des rangs de EAM-ELAS, du DSE et militants pro-communistes qui croupirent dans les geôles politiques en Grèce.
La plus tristement célèbre fut l'ile de Macronissos, en face de Sounion. Elle ne fut démantelée qu'en 1974.
Les victimes militaires sont estimées à 30'000 morts, les civiles quatre à cinq fois plus nombreuses. Plus de 500'000 réfugiés civils se sont éparpillés en Europe de l'Est, avec parmi eux entre 20 et 30'000 enfants séparés de leurs familles, qui ne purent commencer à rentrer qu'après 1975, quand le PC fut de nouveau autorisé.
En mai 1984, à l'initiative d'un journaliste grec et de la RAI (TV publique italienne, la TV grecque ayant refusé de prendre part à l'événement) Markos Vafiadis (78 ans) accepta de serrer la main de l'ex-général Tsakalotos (87 ans) qui commandait les troupes sur le terrain face à lui. Ce fut considéré comme le geste d'apaisement le plus symbolique, 35 ans après la fin du conflit, que l'histoire officielle grecque nommait encore συμμοριτοπόλεμος (insurrection menée par des bandits).
Il ne fut reconnu comme εμφύλιος (guerre civile) qu'après l'avènement du premier gouvernement de coalition avec participation du parti communiste, en 1989.
En grec le sentiment est d'abord une perception physique.
Tout vient du verbe ancien αισθάνομαι, prononcé selon la convention Erasmienne 'aïstanomaï' - mais si on considère que ce sont les Grecs qui prononcent leur langue correctement, alors il faut réussir à dire" èsthanomè, un beau challenge pour francophones que celui de rendre la succession -σθ- !
C'est un verbe à la voix moyenne, intermédiaire entre l'active et la passive, qui suppose que l'action se fasse sur soi-même, un peu comme les verbes pronominaux en français. Il signifie
"percevoir par les sens" PUIS (l'ordre est important) "comprendre quelque chose". Ce verbe a donné en français "esthétique": primauté aux sensations, donc, dans la signification de ce terme,
galvaudé alors que très beau.
Το αίσθημα, le sentiment, se ressent d'abord par une émotion sensitive, voire sensuelle. L'intellect rame derrière pour comprendre ce ressenti physique. Le corps prime ici, ce qui déplaît à
Platon qui vitupère toujours les sentiments et émotions comme trompeurs car venant de notre prison corporelle. C'est le fameux coup de foudre, la connivence immédiate, ou au contraire le
dégoût ou le rejet inexplicables que l'on éprouve vis-à-vis d'un(e) inconnu(e).
Alors bien sûr, tout n'est pas si binaire ni mathématique que le dit l'étymologie, heureusement ! Il arrive que la sensation première soit -et Platon joint les mains!- démentie par la suite des évènements. Que l'on tombe amoureux de celui/celle que le premier regard avait rejeté/e (Aragon: "la 1ère fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide". Histoire d'amour); que l'on éprouve de la nostalgie pour un lieu/une époque qui nous avait pourtant peu marqué. Mais même si l'αίσθημα nuance ou contredise parfois l'αίσθηση (i èsthissi / le sens), je crois à ce 6ème sens intuitif qui guide notre intellect à travers la forêt de choix qui jalonnent notre vie.
Octobre 1940 - avril 1941 : en à peine 6 mois, le pays connaîtra la fierté immense d'être l'un des premiers Alliés à repousser les forces de l'Axe, et la douleur encore plus aigüe de passer sous une triple Occupation.
Mussolini, qui avait proclamé l'annexion de l'Albanie au printemps 1939, se voyait comme le restaurateur d'un Empire Romain élargi. Il voulait aussi rétablir l'équilibre avec son allié, l'Allemagne nazie, qui avançait sur tous les fronts sans le consulter.
Sans même attendre la réponse à son ultimatum, il attaque dès le 28 octobre 1940. Toute la Grèce se mobilise dans l'effort de guerre, mettant de côté ses dissensions. L'armée grecque s'était déjà retranchée dans le massif du Pinde, et grâce à la passivité des Bulgares, put se regrouper et stopper l'avancée italienne en quelques jours. En décembre, les envahisseurs étaient refoulés hors des frontières du pays !
Après l'échec d'une ultime offensive menée par Mussolini lui-même en mars 1941, Hitler décida d'intervenir en traversant le territoire de son allié Bulgare, contournant l'essentiel des forces Grecques figées face aux Italiens. Forts de leur supériorité écrasante en nombre et en équipement, les Nazis envahissent la Macédoine grecque, et coupent les lignes de ravitaillement grecques. Confrontés à la perspective d'un massacre de leurs troupes, les généraux sur le terrain arrêtent les combats et demandent l'armistice. En 20 jours, Athènes est prise. Pour les hommes qui avaient tenu tout l'hiver dans le Pinde sans rien céder à l'ennemi, la reddition est particulièrement amère. Le 1er ministre Korizis, qui avait succédé à Metaxas en janvier, se suicide. Le reste du gouvernement s'exile au Caire.
Mai 1941 : la bataille de la Crète.
Fuyant l'avancée fulgurante des Nazis, les unités encore libres de l'armée grecque se regroupent en Crète, où se trouvait aussi le siège régional des forces alliées britannique, australienne et neo-zélandaise. Les Allemands lancent la 1ère attaque aéroportée : 15000 paras sont largués sur l’ile, appuyés par 8000 chasseurs débarqués par mer. Malgré leur victoire obtenue en 10 jours, ils perdent près de 6000 hommes, ce qui provoque leur fureur. En représailles, ils se déchainent sur la population civile : dans les seuls villages d'Alikianos et de Kandanos, 375 civils sont froidement exécutés entre juin et juillet 1941.
Juin 1941-octobre 1943 : la triple Occupation.
Soucieux d'économiser leurs effectifs, les Allemands divisent le pays en trois zones d'occupation et cèdent la grande majorité du territoire grec à leurs alliés Italiens et Bulgares, se réservant les zones jugées stratégiques.
-Pour soutenir leur effort de guerre, les Nazis se livrent au pillage systématique des ressources du pays qui, aggravé par le blocus maritime des Britanniques, cause la pire famine de l'histoire grecque : en hiver 1941-1942 on compte plus de 40000 morts rien qu'autour d'Athènes et du Pirée. La mairie d'Athènes organise un service quotidien de ramassage des corps dans les rues, enterrés dans des fosses communes sans cérémonie.
-Les Bulgares trouvent l'occasion de réaliser leur rêve de Grande Bulgarie en annexant une partie de la Thrace occidentale : une "bulgarisation forcée" est imposée, avec interdiction de parler le grec, baptême collectif forcé de la minorité musulmane, déportation d'officiels et notables grecs. Les inscriptions en langue grecque sont effacées, y compris jusque sur les tombes ! On exproprie pour permettre à de nouveaux occupants venus de Bulgarie de s'installer. Toute manifestation est écrasée dans le sang, comme à Drama. La brutalité de ces mesures pousse plus de 100000 habitants à fuir la zone administrée par les Bulgares dès la fin 1941.
-La zone occupée par les Italiens est la plus vaste, et la plus montagneuse. Des exactions sur les populations civiles ont aussi eu lieu, en réponse à des actes de résistance. Toutefois, les Grecs de religion juive y furent protégés des Nazis, qui envoyèrent à leur mort tous les juifs présents sur leur zone, surtout à Thessalonique, soit 46000 personnes.
1941-1943 : Collaboration et Résistance.
Les Nazis choisissent le général Tsolakoglou, victorieux face aux Italiens, mais aussi à l'origine de l'armistice, pour diriger un gouvernement fantoche. Honni par la population, il est remplacé en 1942 par un politique Monarchiste, Ioannis Rallis. Il met en place en 1943 les Bataillons de Sécurité, milice supplétive aux Nazis.
La rapacité et la brutalité des occupants, le désespoir face à la misère et la faim, alimentent la volonté de résister partout dans le pays. Deux branches rivales se distinguent : d'un côté l'EAM-ELAS, affilié aux Communistes, de l'autre l'EDES, proche des partisans de Vénizelos et des Britanniques. Aux soulèvements désordonnés rapidement réprimés succèdent des actions mieux planifiées et de plus en plus dévastatrices pour les occupants : en juillet 1943, plusieurs villes de Grèce centrale (Karditsa, Trikala, Grevena, Metsovo) sont aux mains de l'EAM-ELAS, et déclarés 'libres'.
Septembre 1943 : l'Italie capitule. L'Allemagne reprend le contrôle de la zone italienne, et mène une répression impitoyable. Suite à la perte de 77 soldats lors d'une embuscade dans le nord du Péloponnèse, les Nazis exécutent la totalité des hommes en âge de se battre du bourg de Kalavrita, soit 677 personnes. Certains n'avaient que 13 ans. D'autres villages (Distomo, Kommeno, Anogeia...) connaissent le même sort. Au total, il est estimé qu'entre 40 et 50 mille Grecs furent exécutés en représailles d'actes de résistance par les trois occupants pendant cette guerre.
1944 : Fin de l'Occupation et luttes intestines.
Au fur et à mesure que les Allemands se repliaient, les rivalités entre les résistants s'aggravent : l'EAM-ELAS est la première force sur le terrain, n'hésitant pas à attaquer les autres mouvements pour s'imposer. En avril 1944, il organise des élections clandestines auxquelles participent 1 million de Grecs, y compris à Athènes qui était encore occupée. Fort de cette légitimité, il appelle à la création d'un gouvernement d'union nationale en Grèce, ce qui a un grand écho auprès des Grecs engagés dans les forces alliées en Afrique du Nord. Les Britanniques, qui redoutaient les Communistes, interdisent au 1er ministre en exil de démissionner provoquant des mutineries au sein de ces troupes, et la mise aux arrêts de près de 20000 hommes dans des camps en Libye et en Erythrée. Les Britanniques proposent alors à Georgios Papandréou, ancien ministre respecté et connu pour ses positions anti communistes, de mener les pourparlers avec les différentes factions pour asseoir son autorité et unifier le pays, ce qu'il réussit brièvement.
Au départ des Allemands le 12 octobre 1944, la situation parait maitrisée, malgré les tensions : Athènes est en liesse, les collaborateurs les plus connus sont arrêtés sans débordements, et G. Papandréou est acclamé par toutes les factions comme chef du gouvernement de la libération. Mais Papandréou avait accepté que toutes les factions se placeraient sous commandement Britannique, et le climat de méfiance entre eux et les Communistes empêcha tout accord sur le désarmement des unités de l'EAM-ELAS et leur intégration dans une armée nationale régulière. La situation devint intenable quand il apparut évident que les Britanniques cherchaient à récupérer les ex-Bataillons de Sécurité pro-Nazis pour les aider à faire le poids face à l'EAM-ELAS.
Décembre 1944-janvier 1945 : "Les évènements de décembre", déclenchement de la Guerre Civile.
1/12/1944 : Le commandant des forces Britanniques Général Scobie exige le désarmement immédiat de l'EAM-ELAS, qui refuse et retire ses ministres du gouvernement d'union nationale de G. Papandreou. Les appels à manifestation et à la grève générale se multiplient.
3/12/1944 : malgré l'interdiction par la police, un grand nombre de manifestants se rassemble au centre d'Athènes, et la police tire à balles réelles faisant 29 morts, ce qui déclenche une véritable insurrection. G. Papandreou présente sa démission au général Scobie, qui la refuse.
4/12/1944 - 5/01/1945 : pendant un mois, les Britanniques avec les groupes armés résistants non communistes, mais aussi les ex-Bataillons de Sécurité, vont s'affronter militairement aux combattants de l'EAM-ELAS. Ce fut le seul moment de la guerre où des combats à l'arme lourde se déroulèrent dans les rues d'Athènes.
Alors que certaines îles du pays n'avaient pas encore été libérées de leurs garnisons allemandes, la Grèce s'enfonçait dans 4 années de guerre civile.
Crédits photo : Wikimedia Commons
Η λέξη (i lexi -mot féminin) signifie "le mot". Il vient du verbe ancien λέγω (lego/ je dis) qui lui-même vient d'une racine indo-européenne désignant la notion de choix.
Le mot est avant tout un choix, il a été pesé, mesuré, élu, parmi une multitude d'autres λέξεις (lexis, au pluriel) potentiels. Ainsi, élire en grec se dit εκλέγω (ek-lego), et
son substantif εκλογή est utilisé aussi bien pour la notion de "choix" que pour celle "d'élection".
Dire est donc choisir. J'aime cette image de la cueillette consciente et volontaire, qui fait -devrait faire- de nos discours un bouquet complètement assumé, et si possible responsable, une anthologie au sens premier et fort (άνθος-la fleur / λόγος). Λόγος a d'ailleurs la même origine.
Si la capacité à choisir ses mots est une arme redoutable dans certaines bouches, elle peut aussi être à l'origine d'un bouquet d'éclosions massives d'esprits éclairés.
Bon, on a brossé rapidement les évènements politiques, ceux qui font la grande Histoire, grands traités internationaux, coups d'Etat, proclamations de retour à la République, crise mondiale, déclarations de guerre, mais cela laisse à peine deviner ce qui a été enduré par la population grecque en cet 'Entre deux guerres' qui n'avait rien des 'Années Folles' parisiennes ou des 'Roaring Twenties' de Londres.
Après la Grande Catastrophe d'Asie Mineure en 1922, plus d'un million et demi de réfugiés sont venus s'installer en Grèce, soit une augmentation brutale de près d'un quart de la population au niveau national. La répartition n'étant pas uniforme, certaines régions du nord de la Grèce ont vu arriver l'équivalent de 50% d'habitants supplémentaires, à loger dans des camps de fortune, le temps qu'une solution plus pérenne soit à leur portée. Des quartiers entiers de Thessalonique (Neapolis - "ville nouvelle", Kalamaria) et d'Athènes (Nea Ionia - "nouvelle Ionie", Nea Smirni - "nouvelle Smyrne") sortent de terre en quelques années pour les héberger.
Ces réfugiés n'étaient pas tous de pauvres paysans, loin de là. Dans leur lieu d'origine, ils faisaient aussi partie des notables, artisans, commerçants, professions libérales. Après une période d'adaptation forcée, ils ont petit à petit relancé leur activité, de sorte que ces nouveaux quartiers se sont transformés en centres économiques actifs dans les années trente.
Mais l'influence a aussi été remarquable dans ses apports culturels : les réfugiés ont amené avec eux leur cuisine et l'art des épices, leurs mots teintés d'Orient, leur musique aux mélopées nostalgiques, leurs chansons pour tenir face à l'adversité.
Toute une génération d'écrivains, poètes, peintres se nourrira de ce foisonnement et formera la 'Génération des années 30', dont nos deux prix Nobel Odysseas Elytis et Giorgos Seferis.
De ce creuset est aussi né un nouveau genre musical, entièrement original, qui plus tard, avec ses lettres de noblesse, prit le nom de Rebetiko.
Souvent comparé à un 'Blues grec', il s'agit d'un véritable mouvement de résistance par la musique.
Résistance aux normes sociales et religieuses qui interdisent l'oisiveté, l'usage des drogues douces et l'amour libre.
Résistance à la dureté du quotidien.
Résistance aux autorités de Metaxas qui incarnent les forces de répression.
Résistance aux envahisseurs nazis par la suite.
Les chansons ont souvent été interdites, les auteurs souvent embastillés, ce qui rajouta à leur prestige et à leur audience. Un culte du 'mangas', sorte de caïd admiré se développa, avec ses codes d'honneur et de respect bien virils et méditerranéens.
Markos Vamvakaris, Manolis Chiotis, Vassilis Tsitsanis sont parmi les auteurs les plus connus du Rebetiko.
Une nouvelle semaine à la maison.
On ne les compte plus.
Finalement, moi j'ai la chance d'avoir pu reprendre le travail et la route.
Voici un nouveau texte, d'une poétesse grecque qui, je l'espère, trouvera un écho entre vos quatre murs.
IMAGINATION DU MOI
Parfois les pas du temps
s'arrêtent et le silence alors
s'installe, tantôt terrible
odieux obscur et plein d'angoisse
épais inéluctable
tantôt plus clair, apparaissant
pétri de lumière
pur, infini, limpide
et léger, si léger
que tu ne peux rester
là non plus
dans toute cette lumière
soudaine intense
que tu donnes et reçois
qui te brûle
au moment de calme
où le temps s'arrête
et le silence attend lumineux
et le temps attend lui aussi
que tu t'effaces.
Zoé Karelli - Anthologie de la poésie grecque contemporaine de Michel Volkovitch - nrf- éd. Gallimard
Et voici la quatrième semaine où nous sommes enfermés à l'intérieur. Si vous avez l'impression de devenir fous, voici un poème qui devrait vous parler...
Une fois de plus il passe en été, Franz Kafka.
Il s'assoit. On joue aux échecs.
On boit du lait - bien assorti
aux habits noirs. On plaisante,
on rit. Sa toux ferrugineuse
me bouleverse. Il ôte son manteau
et s'enquiert de toi. Je lui dis
que tu dors à côté. Nous continuons.
A l'aube, il part, emportant
la moitié de la chambre - c'est toujours lui qui gagne -
extrait de : 'les Ossements' de Yannis Kondos
traduit par Michel Volkovitch in 'Anthologie de la poésie Grecque contemporaine', nrf, ed. Gallimard
Le 1er janvier est une grande fête en Grèce : c'est la St Basile ! Autant dire que les téléphones chauffent dans ce pays où souhaiter la fête aux gens est plus important que l'anniversaire et où les Basile, Vassili, Vassiliki (au féminin) sont plutôt nombreux. C'est le moyen que nous avons trouvé pour témoigner de notre affection à notre entourage sans s'embarrasser à retenir les dates de naissance de chacun. Le calendrier des fêtes Chrétiennes reste donc très utile !
Mais le 1er janvier est un peu plus que ça. C'est traditionnellement aussi la date à laquelle les petits Grecs déballaient les cadeaux apportés par le saint patron du jour... car oui, St Basile est notre père Noël !
Les enfants qui veulent gagner quelques pièces chantent de maison en maison la nouvelle année et l'arrivée de St Basile. Tous les ans, il revient, tout blanc de Césarée, qui est assez loin de la Laponie, avec un message d'une simplicité désarmante, mais un peu mystérieux : "ολους μας καταδεχεται". Ce qui pourrait se traduire par : "il nous accepte, tous, tels que nous sommes".
Bon, l'eau a coulé sous les ponts depuis, Hollywood et Disney sont passés par là, et les enfants en Grèce reçoivent comme partout leurs cadeaux le 25 décembre d'un bonhomme hilare habillé en rouge et blanc se baladant en traineau... mais le nom est resté, il s'appelle chez nous toujours St Basile.
Pas sûr qu'il apprécierait la confusion des genres !
St Basile était en effet plutôt versé dans l'ascétisme, en ce 4è siècle où le Christianisme, à peine affirmé comme nouvelle religion officielle de l'Empire Romain, se déchirait déjà en querelles théologiques pointues. En effet, la nature de Jésus, fils de Dieu né d'une Vierge pose bien des questions : est-il Homme, est-il Dieu, les deux à la fois ? Plus fort encore : est-il issu de Dieu ou bien consubstantiel avec l'Eternel ? Et de Concile en Synode, on se tirait violemment sur la barbe en se traitant d'hérétique ou de sectaire.
Même s'il défendait ardemment la position adoptée officiellement par l'Eglise, toutes ces questions, Basile, ça l'embêtait beaucoup : il voulait surtout qu'on le laisse méditer en paix et qu'on revienne à la base de ce qui a fait le ciment de la foi chrétienne. En tant qu'évêque de Césarée, à l'époque ville importante, aujourd'hui au cœur de la Turquie, il donne ainsi l'exemple en créant les tous premiers hospices ouverts aux nécessiteux, quelle que soit leur foi. C'est peut être pour cela qu'il "nous accepte tous, tels que nous sommes"... L'Eglise Orthodoxe a trouvé là son modèle de générosité désintéressée.
"Allez debout tout le monde, aujourd'hui on visite un super beau site !"
Il est 8 heures du matin, et il faut faire décoller toute la petite famille pour arriver sur place avant les grosses chaleurs.
Bon, je sais qu'en France les enfants sont éduqués avec sensibilité et intelligence afin de développer leur curiosité et leur ouverture à la culture des autres.
Mais quand même...
lever des petits bouts encore tout engourdis ou, plus délicat encore, des ados en phase de sommeil profond, avec pour perspective d'aller marcher au milieu des vieilles pierres peut se révéler une expérience peu gratifiante, voire carrément ingrate !
Alors pour éviter la soupe à la grimace toute la matinée voici quelques astuces d'un vieux routard ayant promené trois bambins à travers les sites du Péloponnèse...
1. Essayez, quand c'est possible, de rendre l'expérience plus vivante : de nombreux théâtres antiques proposent des spectacles au clair de lune les nuits de pleine lune d’août.
Par exemple, un spectacle au Petit Epidaure, après une petite balade le long de la mer toute proche, et une restauration rapide mais succulente à la taverne du coin, devrait lever de nombreuses objections... La Comédie Française et le Festival d'Avignon y programment de temps en temps des pièces en français: Cette année Ivo van Hove joue l'Electre-Oreste, spectacle trop violent pour les enfants de moins de 15 ans toutefois.
2. N'hésitez pas à rentrer dans les musées rénovés à Athènes ou même en province.
Par exemple, le petit musée de Pylos, à l'intérieur du château, reprend les trouvailles à prime abord modestes effectuées dans le secteur, en les mettant en scène de manière évocatrice et agréable.
3. Raccrochez le lieu à leur monde, quitte à être démago (encore une notion inventée en Grèce après tout).
Mon petit dernier s'est offert la célébration de M'Bappé sur le trône de l'archonte de Méssinie (n'allez pas imaginer que j'en suis fier...)
4. Joignez l’utile à l'agréable...
Par exemple, le site de Perachora (temple d'Héra, en face de Corinthe), est situé en bord de mer et certains beaux jours d'été les jeunes hommes essayent d'épater les filles en réalisant des plongeons spectaculaires depuis les promontoires rocheux environnants.
Au printemps, les cerisiers et amandiers en fleurs rajoutent des couleurs éclatantes à la beauté d'un site comme Olympie.
5. Retissez le lien avec la France, quand c'est possible...
Par exemple, sur le site de Navarin, devant Pylos, vous avez la stèle de l'Amiral Derigny, ainsi que celle reprenant la liste des navires français ayant participé à la plus grande bataille navale du XIXè siècle.
6. Et si tout cela venait à échouer... il reste encore le spectacle de la bonne vieille fourmilière qui fait toujours son petit effet jusqu'à 10 ans !
Il est des mots étrangers dont l'équivalent français ne peut être rendu autrement que par une périphrase.
Ainsi au mot φλοίσβος ('phlisvos'), mon dictionnaire bilingue s'essaye à une association de synonymes qui n'en sont pas vraiment : 'clapotis, murmure, bruissement'. Pour chacun de ces trois mots français, il existe un équivalent en grec bien précis :'πάφλασμα, ψίθυρος, θρόισμα'. Mais pour le traduire précisément il faudrait plutôt dire 'bruissement de l'écume sur les grains de sable ou les galets'. Habitant la Bretagne, je suis bien placé pour savoir qu'ici l'Océan ondule, roule, ébouriffe, gronde, vitupère, se déchiquette, tout ce que vous voulez, mais ne bruisse pas. Pour comprendre il faut donc au moins une fois s'être promené en Méditerranée au petit matin, quand tous les touristes dorment encore et que vous n'avez que le φλοίσβος dans les oreilles (et les orteils).
C'est d'un mot comme celui-là que je voulais vous parler aujourd'hui, pas tout-à-fait exactement traduisible sans périphrase, car précisément rattaché à une valeur enfouie au plus profond de l'âme grecque. Ce mot, c'est φιλοξένεια.
Communément traduit par 'hospitalité', ce mot est utilisé quand il s'agit d''accueillir un étranger ('xenos') de manière amicale ('philos') et désintéressée'. En Grèce nous faisons ainsi nettement la distinction entre 'φιλοξενώ', accueil simple et amical, et 'υποδέχομαι', accueil officiel, intéressé voire contraint. Et voici le sujet du présent article.
Dès 2011 la Grèce a vu grossir les rangs de migrants 'non désirés', hommes, femmes et enfants fuyant la misère et la guerre au Proche et Moyen Orient. La première réaction du gouvernement grec précédent, taraudé par la poussée de l'extrême droite, fut de s'enfermer dans une posture de fermeté : les demandes d'asile étaient quasiment toutes refusées, les opérations coup de balai, cyniquement appelées 'Xenios Dias' ('Zeus l'hospitalier', protecteur antique de l'étranger voyageant en Grèce), se sont multipliées, et un mur de barbelés fut construit en 2012 sur la frontière terrestre Greco-Turque pour endiguer le mouvement.
La détérioration de la situation en Syrie et Asie Centrale mit cependant de plus en plus de monde sur les routes de l'exil, et de nouvelles voies, plus risquées, par mer, furent utilisées par les passeurs. Le résultat de cette politique désastreuse : toujours plus d'immigrants, avec, en plus, des victimes innocentes dans les eaux grecques.
En janvier 2015 le nouveau gouvernement Tsipras a pris le contre pied de son prédécesseur, sans pour autant avoir les moyens de leur offrir un accueil à la hauteur de l'enjeu. Les mots de nos gouvernants ont toutefois leur importance, et quand ils sont durs, ils encouragent ceux qui les partagent. Jusqu'en 2013, les scènes de violence vis-à-vis des migrants étaient régulières.
Le contraire est aussi vrai, et aujourd'hui, malgré les tensions toujours indéniables, nous assistons à une multiplication de gestes d'amitié, de solidarité ou tout simplement d'humanité. Je suis reconnaissant vis-à-vis de ces simples citoyens Grecs, qui dans un tel contexte, par leur action ponctuelle ou militante, font beaucoup plus qu'aider un malheureux dans son dangereux périple. Ils nous aident à rester Grecs, dignes héritiers d'une longue tradition de voyageurs, d'exilés politiques et d'émigrés économiques à travers les cinq continents.
Cet été, les incendies meurtriers de Mati nous ont durement rappelé que nous, êtres humains, avons une responsabilité dans la multiplication des catastrophes naturelles ainsi que dans la détérioration de notre propre environnement.
Comme toute entreprise produisant, conditionnant, transportant, distribuant des biens alimentaires au quotidien, nous avons un impact environnemental qui n'est pas négligeable. Au delà du choix fondateur de l'agriculture biologique pour notre oliveraie, nous avons progressivement fait évoluer nos pratiques pour tenter de le réduire autour des axes suivants:
1. Réduction des emballages : depuis 2011 nous avons encouragé notre clientèle sur les marchés de Lannion et St Brieuc à apporter ses propres contenants pour emporter nos produits en vrac (olives, épices). Pour l'huile d'olive et les coulis d'agrumes nous avons instauré une consigne d'1 euro sur les bouteilles, ce qui a poussé les clients à nous les ramener. En résultat, nous n'utilisons plus de sachets ou de contenants plastiques depuis 2013.
La contrepartie est que nos clients doivent transporter leurs propres emballages et sacs. Toutefois, certains en amènent en plus pour les autres !!
2. Réduction des déchets : nous recyclons nos cartons (suremballage) pour conditionner et protéger nos colis envoyés par colissimo. L'augmentation progressive de cette activité nous a permis de réduire nos déchets de cartons de plus de moitié depuis 2011. La contrepartie est que nos colis sont moins jolis que ceux des grands opérateurs d'internet !
3. Optimisation des flux entrants : nous regroupons nos commandes sur un nombre limité de rotations pour ne pas multiplier les transports entre la Grèce et la Bretagne et améliorer le remplissage de chaque camion. Malgré un doublement du chiffre d'affaires depuis 2012, nous n'avons ainsi pas augmenté le nombre de camions sur la route. La contrepartie est la mise en rupture de certaines références, dans l'attente d'avoir suffisamment de quantité pour compléter le prochain chargement...
4. Optimisation des tournées : malgré l'extension régulière de notre clientèle et de notre zone de livraison, nous n'avons pas augmenté le nombre total de nos tournées. Nous avons en effet introduit un seuil minimal d'inscriptions en deçà duquel nous regroupons la tournée avec le prochain passage. Ce fut le cas à trois reprises depuis le début de l'année 2018. La contrepartie est que nous avons dû faire patienter les clients inscrits quelques semaines de plus...
L'amélioration de nos pratiques, bien que modeste, ne va pas sans contrepartie pour vous, nos clients... merci de votre compréhension !
Ceux qui se sont un peu intéressés à la Grèce ont sans nul doute pu apprécier les apports tout sauf marginaux de la langue grecque au français. On pense bien sûr à la médecine (ophtalmo, pédiatrie, kiné, gynéco...), à la religion (orthodoxie, catholicisme, polythéisme, la Bible...), la philosophie, et aux sciences en général. (Je me souviens encore de cette colle dans l'émission Questions pour un champion ": qu'est ce qu'un mermygologue ??")
On pense moins aux mots beaucoup plus courants que sont le téléphone, le cinéma, le théâtre, la photo, le kilo, le taxi, l'athlète, le pneu, le zoo, le stylo ou, plus évocateurs encore : chaos, echo, barbare, psyché, mythe, érotique, poésie, galaxie, pharamyneux (non, là je plaisante évidemment)...
Contrairement aux apports de l'anglais, ceux du grec sont tellement anciens et diffus qu'ils n'ont jamais fait débat en France. Ils sont juste un peu moins 'branchés' !
Qu'en est-il de la place du français dans la langue grecque ? Je ne suis pas linguiste, et je n'ai pas la prétention de dresser un catalogue exhaustif, ni de savoir faire précisément la différence entre les riches apports du latin, et ceux, spéciquement français. Mais une chose est sûre, depuis le commencement de l'histoire de France, les contacts ont été fréquents. Bon, de l'époque franque, on n'a pas gardé un grand souvenir : des envahisseurs qui se mêlaient aux Gênois et Vénitiens pour dépecer l'Empire Byzantin moribond.
La Révolution, l'Empire, et plus encore, la Belle Epoque ont par contre étourdi de leurs feux le jeune Etat Grec qui sortait à peine de sa longue torpeur Ottomane. Les Grecs ont alors adopté tels quels mots et expressions qui fusaient de la Ville Lumière... Je précise que tous les exemples qui suivent sont actuels et utilisés de manière courante.
Prenons l'univers (pour ne pas répeter galaxie) de la beauté féminine et de l'hygiène corporelle : μακιγiαζ (maquillage), νεσεσερ (nécessaire - de beauté !), σαμπουαν (shampooing, qui n'existe pas tel quel en anglais et est bien français !), ντουζ (douche), καλσον (caleçon - qui en fait désigne les collants !), κολιε (collier), σουτιεν (soutien... gorge évidemment), περμαναντ (permanente), φο μπιζου (faux bijoux), κασκολ ('cache col', quand l'écharpe couvrait de beaux chemisiers) sont quelques exemples d'emprunts quasi phonétiques.
D'autres mots évoquent les bonnes manières et les objets d'intérieur: σαβουαρ βιβρ (savoir vivre), πορτ μαvτο (porte manteaux), αμπαζουρ (abat-jour), σουπλα (sous-plat), καλοριφερ ('calorifère' - sans doute le nom des premiers chauffages quand le gaz montait à 'tous les étages')....
L'automobile reste une valeur sûre, avec les indétronables καρμπιρατερ (carburateur) et καπο (capot), le très légèrement modifié ζαvτα (jante), le très populaire ρουλεμαv (roulement... à bille !), le surprenant πορτ μπαγκαζ ('porte bagages' - relique d'une époque où les coffres de voitures ne fermaient pas), et le beaucoup plus déroutant βουλκαvιζατερ ('vulcanisateur', où l'on apprend que "l'atelier de vulcanisation" est l'ancienne désignation de l'atelier de réparation des pneus...).
La peinture a aussi laissé des traces indélébiles : μπλε (bleu), μοβ (mauve), ροζ (rose) sont peut être un héritage d'émotions impressionistes.
Enfin, l'inévitable gastronomie : σεφ (chef), μετρ (maitre... d'hôtel), σου (chou), α λα κρεμ (à la crème !), εκλαιρ (éclair... au chocolat), s'invitent toujours dans les adresses un peu huppées. Quant au κρουασαv (le croissant bien sûr), il est tellement rentré dans les moeurs que nos futés industriels de l'agro-alimentaire ont flairé la bonne affaire en le remplissant de grasses garnitures colorées et en l'emballant sous plastique afin d'en inonder le marché local mais aussi international (les Balkans et la Roumanie en ont fait les frais).
Voilà pour un traitement parfaitement subjectif et partiel du sujet.
Que doit on en conclure ? Tentons une ouverture géopolitique : et si les plus beaux succès et atouts de ce grand pays qu'est la France ne se résumaient pas aux exportations d'Airbus et de spiritueux ?