Le 1er janvier est une grande fête en Grèce : c'est la St Basile ! Autant dire que les téléphones chauffent dans ce pays où souhaiter la fête aux gens est plus important que l'anniversaire et où les Basile, Vassili, Vassiliki (au féminin) sont plutôt nombreux. C'est le moyen que nous avons trouvé pour témoigner de notre affection à notre entourage sans s'embarrasser à retenir les dates de naissance de chacun. Le calendrier des fêtes Chrétiennes reste donc très utile !
Mais le 1er janvier est un peu plus que ça. C'est traditionnellement aussi la date à laquelle les petits Grecs déballaient les cadeaux apportés par le saint patron du jour... car oui, St Basile est notre père Noël !
Les enfants qui veulent gagner quelques pièces chantent de maison en maison la nouvelle année et l'arrivée de St Basile. Tous les ans, il revient, tout blanc de Césarée, qui est assez loin de la Laponie, avec un message d'une simplicité désarmante, mais un peu mystérieux : "ολους μας καταδεχεται". Ce qui pourrait se traduire par : "il nous accepte, tous, tels que nous sommes".
Bon, l'eau a coulé sous les ponts depuis, Hollywood et Disney sont passés par là, et les enfants en Grèce reçoivent comme partout leurs cadeaux le 25 décembre d'un bonhomme hilare habillé en rouge et blanc se baladant en traineau... mais le nom est resté, il s'appelle chez nous toujours St Basile.
Pas sûr qu'il apprécierait la confusion des genres !
St Basile était en effet plutôt versé dans l'ascétisme, en ce 4è siècle où le Christianisme, à peine affirmé comme nouvelle religion officielle de l'Empire Romain, se déchirait déjà en querelles théologiques pointues. En effet, la nature de Jésus, fils de Dieu né d'une Vierge pose bien des questions : est-il Homme, est-il Dieu, les deux à la fois ? Plus fort encore : est-il issu de Dieu ou bien consubstantiel avec l'Eternel ? Et de Concile en Synode, on se tirait violemment sur la barbe en se traitant d'hérétique ou de sectaire.
Même s'il défendait ardemment la position adoptée officiellement par l'Eglise, toutes ces questions, Basile, ça l'embêtait beaucoup : il voulait surtout qu'on le laisse méditer en paix et qu'on revienne à la base de ce qui a fait le ciment de la foi chrétienne. En tant qu'évêque de Césarée, à l'époque ville importante, aujourd'hui au cœur de la Turquie, il donne ainsi l'exemple en créant les tous premiers hospices ouverts aux nécessiteux, quelle que soit leur foi. C'est peut être pour cela qu'il "nous accepte tous, tels que nous sommes"... L'Eglise Orthodoxe a trouvé là son modèle de générosité désintéressée.