Histoire de la Grèce (chapitre 1) : 1821-1827 une naissance dans la douleur

L'Histoire de la Grèce est un livre lourd, et ses premières pages remontent tellement loin que cela peut donner le tournis. Pour en avoir une vision d'ensemble assez saisissante faites un tour au musée de l'Art Cycladique à Athènes. Dans l'une des salles,  vous trouverez cinq panneaux très clairs qui reprennent les cinq grandes périodes de l'Antiquité grecque, avec, en vitrine, des œuvres emblématiques de chaque période.

Le premier panneau démarre au troisième millénaire avant J.C.... l'âge de Bronze, d'où nous sont parvenues les statues énigmatiques aux visages triangulaires qui peuplent ce musée. Puis viennent l'âge de Fer, celui des héros légendaires, de la belle civilisation Minoenne en Crète et des murs cyclopéens de Mycènes ; l'époque Archaïque avec ses statues aux sourires d'une innocence presque enfantine, ses premières lois écrites et premières pièces de théâtre ; l'époque Classique, plus sévère, qui marque le point culminant de l'art et de la culture antique grecque ; l'époque Romaine, qui bien que moins brillante en Grèce, est la plus prospère.

Après, que savons-nous ici en France de la Grèce ? C'est le paradoxe de mon pays : son histoire lointaine est bien mieux connue que son évolution récente...

En écrivant tout cela je ne résiste pas à vous remettre en copie la merveilleuse fresque vivante créée par le chorégraphe Dimitri Papaïoannou lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques 2004. Cliquez sur la photo pour la revoir... elle me donne toujours le frisson !

Reprenons.

Nous passerons cette fois-ci sur l'époque Byzantine pour atteindre l'une des époques les plus sombres de notre histoire, la domination Ottomane, ou plutôt le début de sa fin, car nous voici en 1821.

30 ans après la Révolution Française, la situation politique devient explosive en Grèce ! Ou plus précisément, dans l'empire Ottoman : en Roumanie, en Epire, en Macédoine, en Crète, des soulèvements ont lieu simultanément, sous l'impulsion de militaires, d'hommes politiques et de financiers Grecs et Occidentaux ayant épousé la cause Grecque. Partout, les forces Ottomanes écrasent les foyers d'insurrection dans le sang, sauf dans le Péloponnèse,la ville montagnarde de Kalavrita résiste et se déclare libérée le 25 mars 1821. Ce jour deviendra l'une des deux fêtes nationales du pays et marque le début de la Révolution Grecque.

Jusqu'en 1827, les affrontements sanglants se multiplient (on se massacre de part et d'autre sans se soucier des pertes civiles...) , et malgré quelques victoires marquantes, comme en 1822 la prise de Tripolitsa, capitale régionale du Péloponnèse, les Grecs sont sur le point de tout perdre : une flotte imposante de près de 90 navires, fraîchement arrivée d'Egypte (une autre province de l'Empire Ottoman) débarque à Pylos en septembre 1827 et s'apprête à déverser plus de 15000 soldats pour éradiquer les derniers foyers rebelles.

Entre temps, la cause Grecque avait gagné en visibilité et en médiatisation dans les opinions publiques des grandes puissances européennes. Des artistes de renom, comme Lord Byron en Grande Bretagne ou Eugène Delacroix en France, donnent un grand écho à la tragédie vécue par les insurgés Grecs dans les quatre sièges de Messolonghi (1823-1825), ou lors du massacre de Chios (1822). Les dirigeants Britanniques, Français et Russes y ont vu un bon prétexte pour intervenir et pousser leurs intérêts dans la région. Une flotte Anglo-Franco-Russe prend donc position face aux Turcs à Pylos, en invoquant des motifs humanitaires. La tension créée par plus de 4000 canons se faisant face dans un espace aussi réduit  mit littéralement le feu aux poudres et les pourparlers dégénérèrent en l'une des plus grandes batailles navales du XIXè siècle, la Bataille de Navarin.

La destruction quasi totale de la flotte ottomane ouvre enfin la voie à la création d'un nouvel Etat Grec indépendant, avec un territoire limité au Péloponnèse, aux Cyclades et à la Grèce centrale (Thessalie, Attique, Eubée).

Les chefs de guerre cèdent la place au politique : le pays est dévasté, tout est à faire !

L'homme providentiel s'appelle Ioannis Kapodistrias, un Grec avec de nombreux atouts dans son chapeau...

 

 

 

 


Histoire de la Grèce (chap.2) : 1827-1831 Kapodistrias, 1er gouverneur d'une toute petite Grèce indépendante

 1827 : Avec la défaite décisive de la bataille navale de Navarin, les Ottomans perdent leur capacité à reprendre le Peloponnèse aux insurgés Grecs.  

Voilà donc le rêve des Grecs à portée de main : "nous allons enfin fonder notre Etat souverain et nous libérer du joug Ottoman !" exultent-ils !

Problème : qui pour gouverner ce nouvel Etat totalement exsangue et répondre aux aspirations, si pressantes, de son peuple qui crie famine ?

Les chefs de guerre, chacun bardé de victoires prestigieuses et mettant en avant leurs bataillons de valeureux Pallikares (citoyens ayant pris les armes) et d'intrépides Klephtes (hors-la-loi, pour certains réputés, du fait de leur faits d'armes contre le pouvoir Ottoman) se crêpent les chignons (la mode masculine était au cheveu long), pour aboutir à la seule conclusion possible : "si on ne veut pas s'entre-déchirer à peine libérés, il nous faut un gouverneur qui ne soit pas l'un de nous, et qui puisse plaider notre cause en Europe !" Tous les regards, se tournent alors vers un Grec un peu plus que juste Grec, car aussi un peu Vénitien de naissance et aussi un peu Russe d'adoption : Ioannis Kapodistrias. 

 

Non content d'avoir gravi les échelons de l'administration russe jusqu'à en devenir le ministre des affaires étrangères, il avait acquis une solide réputation de diplomate... après tout, c'est lui qui 15 ans plus tôt, avait grandement contribué à rédiger la Constitution Helvétique et manœuvré pour que ce nouveau pays sorte des griffes des Autrichiens, grands rivaux des Russes en Europe Centrale. Tombé en disgrâce depuis que le Tsar le soupçonnait d'en pincer pour les indépendantistes Grecs, qui à ses yeux, ne valaient pas mieux que des terroristes, il avait été mis au placard, et était donc disponible.

 

1828-1829 : Il quitte sa confortable situation d'aristocrate Européen pour plonger dans l'inconnu le plus total et prendre les rênes de la Grèce. Une tout petite Grèce, qui comportait surtout le Péloponnèse et quelques ïles aux alentours, dont même pas son île de naissance, Corfou, alors aux mains des Britanniques. Une Grèce qui n'a même pas les moyens de lui fournir un vaisseau pour le faire venir : il va devoir patienter  un mois et demi à Ancone qu'un navire Britannique veuille bien se dérouter pour le prendre, et encore, en lui imposant une étape au commandement Britannique installé à Malte. Il faut préciser, qu'à ce moment, aucune grande puissance Européenne n'était vraiment emballée à l'idée de voir un Etat Grec indépendant donner un exemple à suivre aux autres peuples soumis d'Europe... un démantèlement trop brutal de l'Empire Ottoman aurait forcément ébranlé les autres Empires qu'étaient alors la Russie, l'Autriche et la Grande Bretagne. Même la France, en pleine Restauration, se méfiait de la constitution d'une République.  Kapodistrias mit néanmoins à profit ces contretemps pour récolter des fonds et peaufiner ses premières actions en tant que Gouverneur.

 

En arrivant à Nauplie, ce 19 janvier 1828, il mesura combien sa tâche était immense, un travail digne d'Hercule !

Imaginez un tableau de bord d'Airbus serti de clignotants lumineux, qui, chacun, implique une réaction immédiate sous peine de crash imminent. Tous les clignotants, simultanément, étaient allumés rouge vif ! Le pays crie famine. Les frontières terrestres sont instables et la guerre continue avec les Ottomans, les mers sont infestées de pirates et les campagnes de bandits. L'armée nationale n'existe pas et dépend du bon vouloir de quelques chefs qui, après avoir applaudi à l'arrivée du Gouverneur, retournent leur chapeau et réclament des sommes extravagantes pour continuer l'effort de guerre... Sans parler des routes inexistantes, de l'analphabétisme d'une grande partie de la population, de l'économie détruite. Alors que l'Europe venait de vivre le siècle des Lumières, le sud de la Grèce croupissait toujours dans d'obscures oubliettes de l'Histoire !

Il fallait agir vite, et pour cela, pas le temps de palabrer avec tout le monde, il commence par suspendre la Constitution et l'Assemblée législative, remplacée par une chambre consultative, ce qui fit tout de suite grincer des dents parmi les notables.

Puis il se lance : découpage administratif du pays, refonte des bandes armées en Corps d'Armée nationale (ce qui réduisit le banditisme et améliora la défense face aux assauts des Ottomans), organisation d'une marine autour des armateurs de la puissante île d'Ydra, destruction des repaires de pirates en mer Egée, création d'un système d'éducation nationale et fondations d'écoles primaires et secondaires, d'une Ecole militaire et d'un Lycée agricole. Il créa aussi une nouvelle monnaie, 'le phénix', pour symboliser la renaissance de la Grèce.

 

1830-1831 : Fort de ces premiers résultats, il réussit à faire reconnaître le nouvel Etat par les grandes puissances et, grâce à l'intervention des Russes, à obtenir un répit des Ottomans. Il n'a eu de cesse de collecter des fonds pour financer le pays, et y consacrât ses propres deniers. Il voyagea à travers les routes (ou plutôt des chemins !)  du pays pour rassurer, encourager, réveiller des vocations, planter des arbres, apporter des vivres... 

S'il se trouve quelques alliés parmi les chefs de guerre (notamment Théodore Kolokotronis, le 'Vieux' de Morée), il se fait aussi de nombreux ennemis, qui n'apprécient pas son style autoritaire, son manque de considération (il refuse souvent de les payer) et sa tendance à placer ses frères aux postes clés qu'ils lorgnaient. Avec les armateurs d'Ydra, la rupture est consommée : le 1er août 1831 ils mettent le feu aux quelques navires militaires que l'Etat Grec avait réussi à financer et qui pouvaient signifier la fin de leur suprématie en mer. Français et Anglais assistent à l'insurrection sans intervenir.

Ce premier coup de massue est suivi par un autre, en le 27 septembre 1831, quand l'un des fils et le frère du "seigneur" du Magne (il portait, dans son nom, le titre Ottoman de 'Beis', sorte de Vicomte turc) assassinèrent Kapodistrias alors qu'il assistait à une messe. Ils lui font payer ainsi l'outrecuidance qu'il avait eu de l'embastiller pour rébellion quelques mois auparavant. Et tout ça pour des peccadilles : il refusait juste de payer ses impôts !...

Le pays replonge dans l'anarchie. TOUT EST A REFAIRE !!

 


Histoire de la Grèce (chap.3) : 1833-1862 Othon, le Bavarois qui rêvait de Byzance

Othon le Bavarois en tenue traditionnelle Grecque...
Othon le Bavarois en tenue traditionnelle Grecque...

1833-1835 : Au traité de reconnaissance de l'Indépendance de la Grèce de 1830, il était prévu qu'il évoluerait en royaume et le futur monarque avait été choisi dans la lignée des Saxe Cobourg, chère aux Britanniques (c'est la lignée maternelle de la future reine Victoria). Toutefois, l'heureux élu, Leopold, préféra rester au chaud et régner sur la toute nouvelle Belgique, où l'on risque plus de mourir d'un potje vleesch avalé de travers que sous les coups d'un contribuable mécontent. Il fallut donc trouver un plan B...

Le cahier des charges était un peu compliqué : il devait être de lignée royale européenne, disponible, pas embêtant vis-à-vis des Grandes Puissances (à l'inverse de son prédécesseur Kapodistrias bien trop indépendant...), et suffisamment casse-cou (ou imbécile) pour s'installer chez des sauvages armés jusqu'aux dents. La proposition fut faite à un adolescent de 17 ans, Othon de Bavière, de la lignée des Wittelbach, qui n'étant pas l’aîné, avait le choix entre une vie bien réglée dans les Ordres ou se lancer dans l'aventure de régner sur un pays exotique certes un peu agité mais avec de belles perspectives d'avenir. Il arriva en Grèce en janvier 1833, avec 60 millions de franc-or de promesses de nouveaux prêts dans ses valises, et 3500 hommes de l'armée Bavaroise.

 

1835-1862 : Après trois ans de Régence qu'il met à profit pour apprendre le grec et sillonner le pays, il prend rapidement la grosse tête en se voyant comme le 1er Bavarois à être couronné comme un empereur de Byzance. Ce projet va être abandonné au fur et à mesure qu'il découvre les subtilités entre Catholiques et Orthodoxes, et son couronnement se fera dans la plus grande simplicité.

Le jeune roi prend les rênes du pays sous la forme qu'il connaît le mieux : la Monarchie Absolue. Il s'attache à transformer sa nouvelle capitale, Athènes, en ville moderne du XIXè siècle, et commence par créer son propre palais, le bâtiment actuel du Parlement (sur la place Syntagma). Il dote le pays d'une bureaucratie tatillonne, verrouillée par des directeurs bavarois, chapeautés par un 1er ministre bavarois, appuyés de soldats bavarois, le tout vivant aux crochets du pauvre Etat Grec. C'est alors que naît le terme de 'Bavarocratie', qui aboutit à un premier coup d'Etat en 1843. Le roi accepte de doter le pays d'une Constitution et d'un Parlement.

Côté finances, la gestion germanique ne porte pas vraiment ses fruits... En plus des lourdes charges à régler pour le train de vie de l'armée, de l'administration et du Palais, il a fallu verser 12 millions de francs-or à Constantinople pour "l'indemniser" de sa perte territoriale. Pour couronner le tout, un tiers des sommes promises à Othon lors de son intronisation n'ont jamais été débloquées, soit 20 millions de francs-or !

Malgré une politique d'austérité (déjà!), la situation ne s'arrange guère, et le mécontentement de la population augmente en parallèle à celui des créanciers Franco-Britanniques. En 1854, ceux-ci profitent de l'engagement militaire de la Grèce contre leur allié Turc (on est alors en pleine guerre de Crimée), pour imposer un blocus, puis leur tutelle à la Grèce (déjà!!).

Mais finalement, ce qui aura raison de la dynastie des Wittelbach, c'est l'incapacité du couple royal à enfanter. Le roi Othon et la reine Amélie quittent la Grèce par la petite porte en 1862, lors d'un nouveau soulèvement populaire.

 

PROCHAIN EPISODE : Les Vikings prennent le pouvoir !!

 


Histoire de la Grèce (chap. 4) : 1863-1890  : un Danois pour régner sur la Grèce... sa majesté Georges 1er

octobre 1862 : nous avions laissé la Grèce en pleine révolte contre son premier roi, un Bavarois catholique qui refusait de se convertir à l'orthodoxie, ruinait le pays, et n'arrivait pas à lui donner d'héritier. Après avoir assuré l'exfiltration d'Othon, de sa famille et de ses biens, les "Puissances protectrices" (Russie, Roy. Uni, France) doivent rapidement trouver un nouvel hôte au trône de cette Grèce décidément pas commode. La liste des prétendants possibles est longue comme le bras, tant l'Europe du milieu du XIXè regorge de maisons aristocratiques à la progéniture prolifique et désœuvrée.

Mais bon.

Etre de lignée royale ne suffit pas, il faut aussi être acceptable aux trois Puissances, rivales pour assurer leur influence sur cette partie de la méditerranée. Du coup, il ne faut pas être trop proche de l'une d'elles, ni trop éloigné. Puis il faut convaincre l'élu de prendre la tête d'un pays sans le sou, tout en acceptant de se conformer aux limites imposées par une Constitution encore floue et par les exigences des Puissances qui n'hésitent pas à intervenir : le souvenir du blocus de 1854 est encore vif ! 

 

1863-1869 : Après six mois interminables, le choix se porte finalement sur un prince Danois de 17 ans. Georges 1er arrive en Grèce en octobre 1863 et amène dans sa corbeille les Iles Ioniennes que les Britanniques avaient promis de rétrocéder en cadeau de bienvenue.

Rapidement, il montre des signes d'intégration en renvoyant les conseillers danois qui l’entouraient et en apprenant le grec. Il intervient aussi pour faire adopter la Constitution par toutes les factions de manière définitive : le Parlement grec (Vouli) et le suffrage universel masculin sont institués en 1864.

Moins pompeux qu'Othon, soucieux d'améliorer l'image du souverain, Georges se promène dans les rues d'Athènes et voyage dans son petit pays au contact de la population.

Mais bon.

Les questions qui fâchent sont toujours là : les créanciers Franco-Britanniques attendent leurs remboursements et les caisses sont toujours aussi vides. Malgré tous ses efforts, il ne peut obtenir qu'un rééchelonnement de la dette, et doit poursuivre la politique d'austérité impopulaire de son prédécesseur.

Il se déconnecte un peu plus des aspirations populaires lors de la révolte Crétoise de 1866-1869 : des représentants chrétiens de Crête appellent à l'Enosis, la réunion avec la Grèce ! Le directeur de la banque de Grèce organise des collectes de fonds, des bateaux grecs forcent le blocus des ports crétois imposé par les Ottomans, les blessés et réfugiés affluent et sont secourus par des comités citoyens grecs, des militaires grecs se mobilisent, mais le roi des Grecs reste neutre pour préserver ses relations avec les Puissances et les Ottomans, de plus en plus menaçants à la frontière nord. La rébellion Crétoise rend l'âme, symbolisée par le martyre du Monastère d'Arkadi, qui évoque celui de Messolonghi 45 ans plus tôt, sans que le gouvernement grec n'agisse.

Pour redorer son blason, il se choisit pour épouse Olga, une duchesse Russe, donc Orthodoxe. Le mariage est célébré à St Pétersbourg en 1867, et une vie de cour prend forme, au fur et à mesure que la famille royale s'agrandit. Entre époux, on se parle en Allemand.

 

1870-1879 : Après le camouflet subi en Crête, l'autorité de Georges 1er est encore plus entamée par son attitude tout aussi prudente lors des révoltes Slaves qui ont enflammé les Balkans à compter de 1875. La neutralité officielle envers un voisin honni qui n'hésite pas à laisser des mercenaires (les tristement célèbres bachi-bouzouks) commettre des exactions contre des civils exacerbe le mécontentement d'une partie de la population. Des hommes politiques grecs comme Charilaos Trikoupis s'élèvent pour exiger que le gouvernement du pays soit exercé par un représentant de la majorité parlementaire, ce qui est accordé en 1875. L'intervention des Russes en soutien des Bulgares en 1877 convainc Georges à mobiliser son armée pour contrer la menace d'une grande Bulgarie aux dépens des Grecs. Las, alors qu'il regagnait en popularité, le voilà obligé par les Puissances de battre retraite au bout 5 jours. Les Russes avaient signé un traité mettant fin aux hostilités avec les Ottomans la veille de son engagement ! Et voilà que quasiment toute la Macédoine et la Thrace sont occupés par les Bulgares... un cauchemar !! Heureusement, le nouvel homme fort de l'Europe, le chancelier Bismarck, sentant les tensions monter de toutes parts, prend les choses en main et redistribue les cartes lors du traité de Berlin de juin 1878. La Grèce récupère la Thessalie, et la Macédoine n'est pas reconnue territoire Bulgare.

 

1880-1890 : Sous la pression de Trikoupis, Georges 1er accepte de moins intervenir dans la gestion quotidienne du pays, qui revient au 1er ministre. Le gouvernement Trikoupis fut le plus long depuis le début du règne : 7 ans en à peine deux mandats ! D'importantes réformes furent passées, des infrastructures créées, et l'économie connu une embellie. Il lança les travaux du canal de Corinthe, qui fut inauguré en 1893. Confronté aux ressources insuffisantes du pays, il augmenta sérieusement les impôts ce qui lui fit perdre les élections en 1885. Son successeur, Deligiannis, un nationaliste, relance le conflit armé avec les Ottomans dans le sillage des Bulgares qui avaient remis en question le traité de Berlin et se battaient contre les Serbes. Immédiatement, les Britanniques décrètent le blocus maritime et obligent Deligiannis à battre en retraite. Trikoupis revient et reprend son oeuvre : travaux d'infrastructure, impôts et endettement. Georges 1er prend de la hauteur et le jubilé de son règne de 1888 est fêté en grande pompe. Moins il en fait, plus il est populaire ! Dans la foulée, il marie son fils et héritier Constantin à la soeur du futur Kaiser Allemand Guillaume II. 

 


Histoire de la Grèce (chap. 5) : 1890-1913, en route vers la guerre

Georges 1er assassiné à Thessalonique
Georges 1er assassiné à Thessalonique

1890-1900 : Les finances fragiles du pays, déclaré en faillite en 1893, ne vont pas arrêter Georges dans sa quête de grandeur et de popularité. Il enchaîne les grandes annonces :  ouverture du Canal de Corinthe (1893), organisation des premiers Jeux Olympiques modernes à Athènes (1896, qui voit le sacre au marathon d'un simple berger grec, Spyridon Louis). Quand en 1897 survient une nouvelle rébellion en Crète, le roi décide de répondre à l'aspiration populaire et mobilise son armée malgré le blocus immédiat des trois Puissances (Grande Bretagne, France, Russie). Il se laisse emporter par les éléments les plus nationalistes de son gouvernement, et ouvre un deuxième front simultané en Macédoine sous le commandement de son fils aîné Constantin. Sa popularité atteint des sommets, et des citoyens se mobilisent pour rejoindre le combat vers l'unification de tous les territoires Grecs, la Grande Idée si chère à tous les Grecs depuis leur indépendance. Las, l'enthousiasme ne compense pas l'impréparation et l'infériorité numérique : l'armée grecque doit battre en retraite en à peine 30 jours, et les Britanniques interviennent pour éviter un désastre.

 

L'humiliation est totale : il faut renoncer à la Crète et verser un tribut exorbitant aux Ottomans, alors que les caisses sont vides, et que les créanciers ont déjà été mis à la diète depuis la faillite de 1893... Les Puissances imposent alors la Commission Internationale Financière (CIF), qui contre le nouveau prêt octroyé pour régler le conflit, rééchelonne sur 81 ans toute la dette encore due depuis la création du pays. 

 

Le détail des sommes en jeu mérite qu'on s'y attarde : 

Total prêté 151 millions francs or ;

dont tribut versé aux Ottomans : 94 millions

dont reprise de la dette encore due : 31,5 millions

dont couverture du déficit budgétaire de 1897 : 22 millions

dont commissions bancaires : 3,5 millions (un prix d'ami à n'en pas douter...)

 

Pour être sure de se faire payer, la CIF prélèvera jusqu'en 1978 directement des droits sur des sources aussi variées que le tabac, le pétrole, les allumettes, les cartes à jouer et la pierre d'émeri de Naxos. Le palais présidentiel actuel était à l'origine le siège de la CIF.

Une telle débâcle plonge le pays dans l'agitation politique, et en 1898, le roi doit faire face à une première tentative d'assassinat. 

 

1900-1910 : La Crète, devenue territoire autonome de l'Empire Ottoman, voit l'émergence d'un nouvel homme politique : Eleutherios Vénizelos .

En mars 1905, il proclame la création d'une nouvelle assemblée nationale crétoise, qui vote la réunion de l’île avec la Grèce.

Échaudé par la défaite de 1897, le roi ne peut se décider à intervenir directement, et laisse la main aux Britanniques qui veulent ménager l'Empire Ottoman. La révolution de 1908 des Jeunes Turcs contre le Sultan Ottoman Abdulhamid II donne des ailes aux partisans de Vénizelos, en Crête comme en Grèce. Lassés des tergiversations du roi et des humiliations subies, un groupe d'officiers tente un coup d'Etat en 1909 pour renverser le gouvernement et exiger la radiation des fils du roi en tant que chefs militaires. Pour désamorcer la situation, Constantin démissionne et se réfugie en Allemagne avec son épouse (la sœur du Kaiser). Dans la foulée, de nouvelles élections sont organisées et Vénizelos devient premier ministre de la Grèce en 1910.

Conscient de la fragilité tant politique qu'économique du pays, Vénizelos donne des gages aux partisans du roi en réinstaurant ses fils dans leurs fonctions militaires. Le temps presse ! Il faut moderniser l'armée pour faire face aux menaces qui surgissent dans les Balkans au fur et à mesure que l'Empire Ottoman se disloque. Il décide de miser l'essentiel du peu de moyens disponibles sur la Marine en se dotant de nouveaux bâtiments modernes et notamment le cuirassé le plus puissant de la mer Egée, l'Averof. Cela pousse les Serbes et les Bulgares à intégrer la Grèce dans leur alliance contre l'ennemi Turc.

Octobre 1912 : Après l'Albanie, c'est le Monténégro qui déclare son indépendance et déclenche la première guerre des Balkans. Elle oppose la Bulgarie, la Serbie et la Grèce à la Turquie, mais aussi, indirectement, la Grèce à la Bulgarie pour le contrôle de la Macédoine.

Contre l'avis de Constantin qui voulait prendre sa revanche en attaquant le commandement central des Turcs à Bitola, Venizelos pousse à la conquête prioritaire de Thessalonique, capitale historique de la Macédoine, afin d'asseoir la primauté de la Grèce sur tout ce territoire. L'armée met 20 jours pour arriver aux portes de la ville et obtient la reddition du gouverneur Turc quelques heures avant l'arrivée des Bulgares, qui sont furieux du fait accompli. Les ferments d'un nouveau conflit sont plantés...

18 mars 1913 : Lors d'une visite à Thessalonique, et alors qu'il venait d'annoncer à ses fils qu'il comptait abdiquer en faveur de Constantin avant la fin de l'année, le roi Georges Ier est assassiné par un anarchiste d'un coup de feu en pleine rue. Pour éviter toute agitation, le gouvernement annonce qu'il s'agit d'un voleur ivrogne. Deux mois plus tard la 1ère guerre Balkanique prend fin, et le territoire grec s'est considérablement agrandi : la Crète, l'Epire, une partie de la Macédoine, et de nouvelles îles en mer Egée en font désormais officiellement partie. Mais l'accession au trône de Constantin, beau frère du Kaiser allemand et novice en politique laisse planer de nouvelles menaces sur le royaume de Grèce qui allait connaitre dix années de guerre...

 


Histoire de la Grèce (chap.6) :  1913-1924  : la décennie terrible

Mars 1913 : A la mort de son père, Constantin est à Ioannina, en Epire, qu'il avait conquise aux Turcs à peine quelques jours auparavant.

Auréolé de cette victoire, il est couronné dans la liesse populaire, d'autant plus qu'il est le premier monarque du pays à être né en Grèce, et à être de religion orthodoxe.  La communion avec son peuple sera brève, car dès juin 1913 la Bulgarie relance les hostilités. Pays le mieux armé des Balkans, elle se sentait lésée dans le partage de la Macédoine avec la Serbie et la Grèce, et réclamait notamment la ville de Thessalonique. Grâce à son alliance avec la Serbie et l'implication de la Roumanie, la Grèce repousse les forces Bulgares et un cessez le feu est signé en à peine un mois. A la fin de ce conflit la Grèce, aura annexé le sud de l'Epire, toute la côte Macédonienne, les grandes iles du nord de la mer Egée et une partie de la Thrace occidentale. De plus, la Grèce gagne en crédibilité en démontrant qu'elle dispose d'une armée et d'une marine capables de défendre ses intérêts.

Ces succès sont largement imputables aux talents du 1er ministre Venizélos qui n'hésitait pas à outrepasser les directives du roi dans les négociations de paix, mais c'est Constantin qui en retire les lauriers dans l'opinion publique. Son beau frère, le Kaiser Guillaume II profite d'une visite pour le décorer et le faire prendre en photo en uniforme de feld maréchal allemand… ce qui sème le trouble chez les Français et les Britanniques.

 

1914-1915 : au déclenchement de la 1ère Guerre Mondiale, Constantin s'efforce de garder une position neutre, et cela mécontente tout le monde, y compris Venizélos, qui veut reprendre l'avantage contre les Turcs, alliés des Allemands. Le travail de reconquête, la réunification des Grecs, n'est pas terminé, il reste encore Constantinople, Smyrne, l'Epire du nord, le Dodécanèse... Venizélos entretien ses contacts auprès des Français et des Britanniques et pèse de tout son poids pour faire basculer la Grèce dans la Triple Entente (France, Grande-Bretagne, Russie). 

Mais la situation se complique quand celle-ci demande le soutien de la Grèce dans la bataille des Dardanelles. Devant les réticences de son Etat Major, Constantin recule et Venizélos, isolé au sein du gouvernement, démissionne en février 1915.

Il retrouve le pouvoir en août après avoir largement gagné les élections législatives. Confronté au désastre des Dardanelles, il ouvre le port de Thessalonique aux forces Franco-Britanniques qui cherchaient à se replier. Il s'oppose alors frontalement au roi, qui finit par dissoudre l'assemblée et reconvoquer des élections en décembre auxquelles Venizélos refuse de participer. C'est l'Εθνικός Διχασμός, le Schisme national.

 

1916 : Constantin laisse les Bulgares, alliés des Allemands et des Austro-Hongrois, entrer en territoire grec pour y affronter les forces de l'Entente que Venizélos avait accueillies à Thessalonique. Craignant d'être arrêté, Venizélos quitte Athènes pour Thessalonique et crée un gouvernement parallèle de 'défense nationale'. La guerre civile menace ! En décembre, Français et Britanniques envoient une flotte à Athènes pour forcer le roi à désarmer les troupes qui lui étaient restées fidèles. Il fait tirer sur les soldats Français qui venaient saisir les armes. Les Russes interviennent pour éviter la déposition du roi par les Franco - Britanniques...

 

1917-1918 : La révolution bolchevike en Russie fait perdre son dernier soutien à Constantin au sein de l'Entente, qui exige son départ en menaçant d'un débarquement de 10000 soldats.  Il se résout à quitter le pays en juin, et à se réfugier en Suisse. Son fils Alexandre est couronné roi à 23 ans, et vit confiné dans son palais entouré de partisans de Venizélos, qui proclame la loi martiale. Les troupes royalistes sont mises au pas, au prix de répressions parfois sanglantes. S'ensuit une véritable purge au sein de tous les corps de l'Etat, y compris les juges et les professeurs d'université. La Grèce se déclare officiellement mobilisée contre les ennemis de l'Entente, et obtient un nouveau prêt de 750 millions de francs or pour équiper son armée qui pu participer auprès des Français à la victoire de Skra di Legen contre les Bulgares.

 

1919-1920 : A la fin de la 1ère guerre mondiale, les conférences et les traités s'enchaînent pour tenter de satisfaire tous les pays vainqueurs. Venizélos obtient rapidement que toute la Thrace Occidentale soit rattachée à la Grèce, et veut extraire Constantinople et Smyrne du contrôle Turc. Le génocide arménien faisait en effet craindre que des menaces similaires pesaient sur ces deux villes à forte présence grecque. Les troupes grecques débarquent à Smyrne le 15 mai 1919, mais des exactions commises contre les populations musulmanes ternissent leur image de pacificateur. Finalement, le traité de Sèvres d'août 1920 accorde la Thrace orientale à la Grèce, et lui donne l'administration de la région de Smyrne dans l'attente d'un référendum qui devait confirmer son rattachement définitif. En Turquie, l'opposition à ce traité est massive, et l'autorité du Sultan est contestée par l'étoile montante de l'armée turque, Mustapha Kemal.

L'armée turque réorganisée par Kemal et réarmée avec l'aide des Soviétiques reprend une à une les positions que les Français et les Britanniques avaient acquises grâce au traité de Sèvres. Venizélos se présente alors comme l'allié indispensable pour aider les Franco-Britanniques à défendre leurs intérêts, et pousse les forces grecques plus loin vers l'est : il faut obtenir de Kemal un traité dans des conditions favorables ! La situation militaire s'enlise, et les combats sont de plus en plus acharnés et meurtriers.

Octobre 1920 : le roi Alexandre meurt accidentellement, sans descendant légal car il a fait un mariage d'amour avec une roturière grecque. Les partisans de l'ex roi Constantin se présentent en promoteurs de la paix et trouvent écho auprès de la population lassée du conflit interminable.

Novembre 1920 : Le parti monarchiste remporte les élections législatives et organise un plébiscite truqué qui donne 99% des voix en faveur du retour de Constantin. Venizélos et ses soutiens s'exilent à leur tour.

 

1921-1922 : L'arrivée de Constantin est suivie d'un remaniement en profondeur des Corps d'Armée, avec des conséquences désastreuses : les officiers expérimentés sont remplacés par des partisans du roi. Reniant ses promesses électorales, le gouvernement monarchiste poursuit la guerre toujours plus loin à l'est, et l'armée grecque encaisse ses premiers revers. On déplore de plus en plus de victimes civiles parmi les populations chrétiennes et musulmanes : l'esprit de vengeance, la volonté d'éradiquer l'autre semblent effacer toute humanité chez les belligérants.

Les Français, méfiants vis à vis de Constantin, renversent leur position et soutiennent ouvertement Kemal en lui fournissant des armes. Les Britanniques adoptent une attitude passive. Privés d'alliés, la situation des Grecs devient intenable, et en septembre 1922 les Turcs s'emparent de Smyrne.

Les officiers Turcs ignorent les ordres de Kemal de ne pas toucher aux civils, et les massacres de Grecs et d'Arméniens se multiplient.

Le 14 septembre 1922 est sans doute l'un des jours les plus noirs de l'histoire grecque : les civils cherchent désespérément à fuir la ville en flammes en plongeant dans la mer, alors que de nombreux bateaux Français et Britanniques restent au large par souci de neutralité. Le nombre exact des victimes civiles est débattu, mais il se chiffre en dizaines de milliers. C'est la Μικρασιατική Καταστροφή, Catastrophe d'Asie Mineure.

En Grèce, le gouvernement est renversé par un coup d'Etat militaire, qui organise l'exécution sommaire de 6 chefs politiques et militaires considérés responsables du désastre et exige le départ de Constantin. Venizélos est nommé pour négocier la paix : ce sera le traité de Lausanne.

La Grèce renonce définitivement à Smyrne et à la Thrace orientale. Elle doit aussi accepter l'échange forcé de population avec la Turquie.

Au total, 1,6 millions de réfugiés Grecs affluent de Turquie en l'espace de quelques mois et six cent mille Turcs de Grèce font le chemin inverse.

 

1923-1924 :  Ces arrivées massives de réfugiés déstabilisent l'économie du pays, déjà fragilisé par la défaite militaire. Les coups d'Etat s'enchaînent entre militaires partisans et adversaires du roi, mais finalement ce sont ces derniers qui l'emportent, en proclamant la fin de la Monarchie. La deuxième République Grecque est née, le 25 mars 1924.  Constantin, malade, meurt quelques mois après son départ. Venizélos, épuisé par ses combats politiques, est incapable de réunir toutes les factions politiques pour former un gouvernement. Il quitte le pays en février 1924.

 

Histoire de la Grèce (chap. 7) : 1924-1940 Misère, désespoir et... rebetiko !

Nous avions laissé le fil de l'Histoire en février 1924 : Venizélos, épuisé de ses combats politiques et éprouvé par la Catastrophe d'Asie Mineure, sent sa santé chancelante et décide de s'exiler.

1926-1927 : après trois années de forte instabilité, un gouvernement d'Union Nationale tente de regrouper toutes les factions politiques sous la houlette d'Alexandros Zaimis, politique en fin de carrière qui ne faisait de l'ombre à personne. Parmi ses ministres, un certain Ioannis Metaxas, chef d'un petit parti d'extrême droite proche des Monarchistes, allait bientôt faire parler de lui.

 

1928-1933 : Ecartelée par les intérêts divergents de ses membres, la coalition explose, et ouvre de nouveau le champ à Venizélos, rentré dans son fief crétois depuis quelques mois. Son dernier gouvernement durera 4 années et achèvera la pacification avec l'ennemi Turc. Il se lance dans une politique de grands travaux pour développer l'agriculture et donner du travail à tous les déracinés venus d'Asie Mineure. Il réorganise aussi l'Education nationale grâce à son jeune et talentueux ministre Georges Papandréou : l'objectif est d'arrêter de créer des élites qui ne se destinent qu'à des postes de fonctionnaires. Les lycées professionnels font leur apparition, ainsi que les cours en langue 'démotique', celle du peuple, qui deviendra le 'grec moderne'.

Cette politique, gourmande en capitaux, s'arrêtera net quand la crise mondiale de 1929 atteint les créanciers de la Grèce. Les crédits s'assèchent et le pays se déclare en défaut de paiement en mars 1932. Venizélos perd sa majorité, et essuie une défaite cuisante lors des législatives suivantes. Les militaires qui lui étaient fidèles, conduits par le général Plastiras, s'opposent de toutes leurs forces au retour des Monarchistes et tentent un coup d'Etat : Venizélos sera accusé d'en être l'instigateur. En juin 1933, il échappe de peu à un assassinat qui sera fatal à son chauffeur, et pour lequel les soupçons se portent sur le chef de la police nationale !

 

1933-1936 : S'ensuit une nouvelle période d'instabilité, à laquelle Plastiras tente de mettre fin en mars 1935 par un nouveau coup d'Etat, avec cette fois-ci le soutien officiel de Venizélos. Ce sera encore un échec, et, accusé de haute trahison, il doit s'exiler à nouveau. Malade, il meurt à Paris le 18 mars 1936, alors qu'il venait d'être amnistié. Il sera enterré quelques mois plus tard en héros Crétois, à la Canée.

La voie est libre pour celui qui était devenu son grand rival, Ioannis Metaxas. Le retour du camp Monarchiste lui permet de gravir habilement tous les échelons du pouvoir, jusqu'au poste suprême de 1er ministre, sans avoir à disputer de nouvelles élections, qu'il n'avait jamais réussi à gagner jusque là.

Selon une recette déjà bien éprouvée notamment en Italie et en Allemagne, il profite des mouvements sociaux qui agitent le pays pour appeler à la résistance au péril communiste et impose le 4 août 1936 la dissolution de l'Assemblée Nationale et la suspension de nombreux droits constitutionnels relatifs aux libertés individuelles.

 

1937-1940 : Metaxas adopte le decorum d'un régime fasciste, sans en épouser l'aspect totalitaire et génocidaire. Il mène une dictature "traditionnelle" appuyée sur l'appareil militaire et les forces politiques les plus conservatrices. Il nourrit le culte du chef, fait fermer les journaux qui lui déplaisent, et emprisonne sans relâche ses opposants politiques au premier plan desquels les Communistes dont tous les dirigeants ont été arrêtés. Un 'terrorisme policier' se met en place... Malgré quelques réussites sur le plan économique, avec une reprise des investissements et un assainissement de l'endettement des agriculteurs, son bilan est catastrophique sur le plan de l’Éducation nationale avec la purge du corps professoral et l'embrigadement quasi obligatoire de la jeunesse dans des unités de propagande progouvernementale. Sur le plan diplomatique, il reçoit avec autant de plaisir les émissaires de l’Allemagne nazie que ceux de la Grande Bretagne, mais les postures de plus en plus agressives de Mussolini finissent par le pousser dans le camp des Britanniques.

 

Le 28 octobre 1940 restera dans l'Histoire comme "le jour du Non". C'est la réponse que Metaxas a donné à l'ultimatum de Mussolini. Face à la menace Italienne, le pays se réunifie, avec notamment l'appel du secrétaire général du PC grec, depuis sa cellule, de rejoindre sans réserve le combat. La Grèce vient de rentrer dans la 2 ème Guerre Mondiale.

Cette même période, avec l'exil, la misère, la privation des libertés, vit fleurir l'un des mouvements artistiques les plus originaux de la Grèce : le Rebetiko.

La suite bientôt !