La Grèce vue de ses montagnes : 1/ Κιθαιρώνας - Cithaeron

CITHAERON : Le grand oublié aux confins de la Béotie et de l'Attique

 

Vous pensiez sans doute que j'allais démarrer cette nouvelle série sur les montagnes grecques par une star mondialement connue, comme l'Olympe par exemple ? Ou bien, par un massif du Péloponnèse dont je vous rebats les oreilles, comme le Mainalon, ou le Mont Taygète ? Et bien vous avez raison, c'est bien ce que j'avais prévu ! Et puis, cet été, j'ai eu la chance d'assister aux Bacchantes d'Eurypide à Epidaure... et voilà que le mont Cithaeron s'est rappelé à mon bon souvenir !

Dans cette pièce particulièrement poignante, un Dionysos ivre de son pouvoir fait perdre la raison aux femmes de Thèbes en les aveuglant de passion religieuse, au point de pousser une mère à déchiqueter son fils, et met en scène le crime dans les forêts du Cithaeron. Les cimes de ses arbres offrent un refuge aussi fragile qu’éphémère à ce fils malheureux, qui peut ainsi observer venir à lui la foule meurtrière menée par sa propre mère...

 

De taille relativement modeste (à peine plus de 1400 mètres), il délimite l'Attique de la Béotie, et de fait est particulièrement délaissé par les touristes qui recherchent des émotions plus fortes, dans les gorges de Samaria en Crète ou sur les villages perchés dans le massif du Pinde. Il faut dire aussi que le Cithaeron est surtout couvert de pins, ce qui, je vous l'accorde, n'est pas super original en Grèce.

Et pourtant, il en a des histoires à raconter sur les tragédies que vivent les humains, ce bon vieux Cithaeron !

C'est lui qui récupère Oedipe quand il est abandonné par son père, le roi de Thèbes, désireux de faire mentir la prophétie selon laquelle il sera renversé par son propre fils.

C'est lui aussi qui assiste à la défaite finale des armées Perses devant la ville de Platée, où s'étaient regroupées les armées des plus grandes villes Grecques, pour une fois unies face à l'ennemi commun.

Très lié à Thèbes, dont il constitue la frontière sud du royaume, il est au cœur des événements qui en ont illustré l'histoire, ainsi que celle de Platée, qui en fit même une divinité locale.

 

Aujourd'hui, bien qu'un peu oublié des hommes, il est toujours là, et offre de très beaux points de vue sur l'autre côté de l'Attique, celui qui regarde vers l'ouest et le sud. On délaisse ici l'agglomération athénienne qui grignote les pentes des monts voisins Pateras et Parnitha, et apercevons le golfe de Corinthe qui s'élargit à l'horizon, avec, se faisant face, la côte du Péloponnèse, et celle de la Grèce centrale. Au milieu, une mince langue de terre sur laquelle s'élève l'un des plus beaux sites que j'aie pu visiter, le temple d'Héra de Pérachora. Mais pour le voir, il faudra redescendre ! Heureusement, des tavernes accueillantes nous attendent sur les bords du lac Vouliagmeni pour nous remettre d'aplomb avant de visiter le site...

 

Et voilà de nouvelles destinations que le voyageur curieux et assoiffé de découvertes pourra rajouter sur ses tablettes !